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multipliés à l’île de France & à l’île Maurice. Je sais que M. Poivre a lu à l’Académie de Lyon un mémoire très-détaillé sur la culture du giroflier ; mais je ne le connois pas. Je copie ce qui est dit de cet arbre & de son fruit dans l’Histoire universelle du Règne végétai de M. Buch’oz.

« Le giroflier est de la forme & de la grandeur du laurier ; son tronc est branchu, & revêtu d’une écorce comme celle de l’olivier. Les rameaux s’étendent en large, & sont d’une couleur roussâtre, garnis de beaucoup de feuilles serrées, situées alternativement, semblables à celles du laurier, longues d’une palme, larges d’un pouce & demi, unies, luisantes, pointues aux deux extrémités, avec des bords un peu ondés, portées sur une queue longue d’un pouce, laquelle jette dans le milieu de la feuille une côte, d’où sortent obliquement de petites nervures qui s’étendent jusque sur les bords. Les fleurs naissent à l’extrémité des rameaux en bouquets ; elles sont en rose, à quatre pétales bleus, d’une odeur très-pénétrante. Chaque pétale est arrondi, pointu, marqué de trois veines blanches. Le milieu de ces fleurs est occupé par un grand nombre d’étamines purpurines. Le calice des fleurs est cylindrique, de la longueur d’un demi-pouce, partagé en quatre parties à son sommet, de couleur de suie, d’un goût acre, agréable & fort aromatique, lequel, après que la fleur est sèche, se change en un fruit ovoïde, creusé en nombril, n’ayant qu’une capsule, de couleur rouge d’abord, ensuite noirâtre, qui contient une amande oblongue, dure, noirâtre, creusée d’un sillon dans sa longueur.

On a publié par ordre du gouvernement dans les îles de France & de Bourbon des instructions imprimées.

Cet arbre, lit-on dans ces instructions, qui est sans contredit l’arbre de la nature qui donne le plus riche produit, est aussi celui qui demande le plus de soin ; il craint également le vent, le soleil & la sécheresse ; il aime l’ombre, & se plaît dans les terres humides, & ne réussit point ailleurs. Sa graine, qui est une petite baie bien différente du clou de girofle marchand, se plante à six lignes de profondeur dans un terrain frais & humide, & fouillé à la profondeur de trois pieds. Comme sa graine est très-délicate, & que lors de la germination elle sort de la terre, comme la féve du haricot, elle doit être couverte d’une terre légère & facile à soulever.

Le terrain où on l’a planté doit être couvert superficiellement de feuilles destinées à conserver la fraîcheur de la terre, & à garantir le germe naissant de l’ardeur du soleil. Il convient, après avoir fait le trou destiné à la plantation de cette graine, de ne pas remplir exactement ce même trou, mais d’y laisser une cavité de trois ou quatre pouces, tant pour conserver la fraîcheur de la terre, que pour donner un peu d’abri au germe naissant de cette graine par la hauteur prédominante de la circonférence du trou.

Après avoir mis de la graine en terre, l’avoir couverte d’une terre légère, y avoir jeté par-dessus des feuilles mortes pour en conserver la fraîcheur, on doit donner par dessus ces feuilles un bon arrosement avec l’attention de jeter l’eau éga-