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qui ressemble assez à la silique par la forme & la réunion de ses panneaux ou battans, par deux sutures longitudinales ; mais elle en diffère en ce que les semences qu’elle renferme ne sont attachées par le cordon ombilical qu’à une suture, au lieu qu’elles le sont aux deux dans la silique. La forme de la gousse varie beaucoup, elle est ovale & arrondie dans beaucoup d’astragales, linéaire dans le galéga, cylindrique dans le lotier, rhomboïdal dans l’arrête-bœuf, gonflée & remplie de semences dans le pois, renflée en forme de vessie, mais sans être remplie de semences dans le baguenaudier ; contournée en spirale dans la luzerne ; articulée dans le sainfoin d’Espagne ; partagée par divers étranglemens dans la coronille ; formée de petites portions qui semblent soudées les unes aux autres dans l’ornithopus ou pied d’oiseau ; profondément échancrée à l’un de ses bords dans le fer à cheval. La gousse est uniloculaire comme dans la plupart des légumineuses, mais quelquefois elle est biloculaire comme dans l’astragale & le bìsserula, ou double scie pelécine. M. M.


GOUTTE, Médecinie rurale. Maladie qui attaque les jointures & les articulations, & dont l’invasion est toujours accompagnée de rougeur, de gonflement & de douleur.

Il n’est aucune articulation, aucune jointure qui ne puisse être le siège de la goutte. Pour l’ordinaire elle se fixe sur les pieds, les mains & les hanches. C’est aussi à raison de ces trois sièges qu’on lui a assigné différens noms : la goutte au pied est appelée podagre ; la goutte à la main, chiragre ; & celle qui se borne à la hanche, sciatique.

Il y a encore une autre espèce qu’on appelle goutte nouée, parce qu’elle établit des nodosités dans les parties qu’elle attaque ; on appelle goutte remontée, celle dont l’humeur refluant dans le sang, se dépose sur toute autre partie que sur les articulations.

La goutte est régulière quand elle a des retours périodiques fixes, qu’elle se borne aux extrémités, & disparoît peu à peu. Elle est au contraire irrégulière quand ses retours sont incertains & très-fréquens, & qu’elle se fixe sur les parties internes.

La goutte peut-être essentielle, de même d’accidentelle. Elle peut être aussi héréditaire à raison des différens accidens qu’elle produit, de leur durée, de leur période & des différens sièges de sa cause.

L’accidentelle est toujours subordonnée à des causes relatives, tant à l’âge qu’au tempérament & autres circonstances. Les causes prochaines de cette maladie sont l’épaississement de la lymphe & de la sinovie qui adoucit les ligamens & entretient la souplesse dans les articulations.

Il seroit très-difficile de pouvoir rassembler ici toutes les causes éloignées capables d’exciter la goutte. Nous nous contenterons d’indiquer les plus générales. Souvent elle dépend d’un régime échauffant, des excès dans les plaisirs de l’amour, de l’abus des liqueurs spiritueuses, de l’usage du café porté à l’extrême, d’une transpiration arrêtée, de la suppression du flux hémorroïdal chez l’homme, & du flux menstruel chez la femme ; du changement subit d’un lieu chaud à un air froid : la bonne