Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/357

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pas étonnant que les coques & pellicules soient attaquées.

Je crois encore que pour établir une théorie sur la durée des graines, il conviendroit auparavant d’examiner la nature ou l’espèce d’huile qu’elles contiennent ; les semences à l’huile grasse se conservent beaucoup mieux que celles à l’huile essentielle, & la durée de celles qui contiennent l’une & l’autre, comme celle des choux, raves, navets, &c. dépend beaucoup du grainier, & de la constitution de l’atmosphère pendant la végétation de la plante. Par exemple, je puis répondre que les plantes laissées pour graine en 1783, & qui ont éprouvé ces fameux brouillards secs, n’ont donné sous mes yeux que de mauvaises graines & en très-petite quantité, sur-tout pour les graines huileuses dont on parle. Si le même effet a eu lieu, & si on l’a observé dans plusieurs endroits différens, & à de grandes distances, que vont devenir ces raisonnemens sur l’électricité, regardée comme le principe de la végétation, de la fructification ? &c. je conviens qu’elle y contribue pour beaucoup, mais non pas de la manière que l’ont imaginé des observateurs de cabinet, qui cultivent sur leur fenêtre un ou deux pots, & qui, d’après de petites expériences, bâtissent de grands systèmes qui sont démentis à chaque instant par la pratique.

Plusieurs auteurs n’ont pas craint d’avancer, que plus une graine est vieille, meilleure elle est pour semer, parce que, disent-ils, les principes de la graine se sont affinés & se sont perfectionnés. Je ne crois pas que ce soit ainsi que la nature agisse. La graine une fois mûre tombe de l’arbre, de la plante, & végète l’année suivante si elle trouve une terre convenable ; mais si cette graine a été conservée à l’abri de toute espèce d’air, de toute espèce de fermentation, comme le froment de la citadelle, dont on a parlé au mot Froment, il est clair que cent ans après elle végétera, & si elle est farineuse, donnera du bon pain comme lui. Ici, c’est une exception à la loi générale qui ne prouve rien, puisqu’il s’agit des circonstances journalières. Je crois, au contraire, que l’on devroit (en général) pour imiter la nature, confier à la terre les graines du moment qu’elles sont parfaitement mûres. Cette proposition me paroît démontrée. En effet, si on cueille la graine de la majeure partie de nos arbres, & si on attend jusqu’au printemps suivant à la semer, sans l’avoir stratifiée avec la terre ou le sable pendant l’hiver, il est très-rare de voir cette graine germer à la première année, & elle ne sort souvent qu’à la seconde & même à la troisième, & quelquefois même dix ans après, si cette graine, noyau ou pépin a été trop profondément enterrée. La conséquence à tirer de tout ceci, est que l’on doit s’écarter, le moins qu’il est possible, de la marche de la nature, & que la réussite de nos semis tient à l’accord de nos opérations avec ses loix.


Graine d’Avignon. (Voyez Neprun).


Graine d’Écarlate. (Voyez Kermès).


GRAISSE. Substance onctueuse, répandue dans différentes parties du