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lindre & toutes ces tiges ne faisoient plus qu’un corps en dessous ; plusieurs mêmes gardoient leur anastomose au-dessus du bourrelet ; mais elles se séparoient ensuite en plusieurs branches. À la troisième année, le pied fut dépoté & mis en terre jusqu’à la naissance du bourrelet. Naturellement on auroit dû compter huit tiges différentes, puisqu’il en étoit entré autant dans le cylindre ; mais à la sortie on n’en comptoit plus que cinq. Que devinrent les autres ? se sont-elles confondues avec la masse ? ont-elles péri ? L’amateur n’a pu m’en donner des nouvelles. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’après la quatrième année, je distinguai très-bien sur différens sarmens, les feuilles du muscat ordinaire, du chasselas, du raisin appelle meunier en Bourgogne & en Champagne, & du pineau de ces deux Provinces. Je n’ai pas eu la consolation de voir les espèces de raisin produites par cette vigne : l’année suivante, l’amateur mourut, son jardin fut livré au pillage, & l’emplacement vendu pour bâtir des maisons. Cette expérience mérite certainement d’être répétée par des amateurs. On parviendroit à coup sur à se procurer des espèces d’une hybridicité nouvelle, (voy. le mot Hybride), que l’on multiplieroit ensuite par la greffe ordinaire.


SECTION II.

Des Greffes en fente.


Il est très-rare que l’on soit dans le cas d’employer les trois premiers genres des greffes par approche, parce qu’il est difficile de trouver des sujets plantés volontairement aussi près les uns des autres que ces opérations l’exigent. Il n’en est pas ainsi des espèces de greffes en fente, qui me paroissent avoir été indiquées par les greffes dont on vient de parler, & qui en dérivent même par le raisonnement.

La greffe dont il s’agit, consiste à insérer une petite branche garnie de deux ou trois boutons dans une fente quelconque, pratiquée sur une branche forte ou sur le tronc d’un arbre. Cette définition générale exige une explication parce qu’il y a plusieurs manières de greffer en fente.


§. I. De la Greffe en fente proprement dite, & appelée en poupée dans les Provinces.


Il faut choisir une petite branche bien saine, (Fig. 8) garnie de deux à trois yeux & l’on coupe l’excédent. La partie inférieure A est coupée en manière de coin, très-unie, & l’écorce coupée nettement sur ses bords. On laisse aux deux côtés du coin en BB, une petite retraite, afin qu’ils portent sur la partie supérieure des lèvres de l’incision. La portion de ce coin, qui doit être insérée dans la fente, doit avoir moins d’épaisseur que celle qui correspondra à l’écorce de l’arbre, & l’écorce doit être conservée des deux côtés du coin. Cette dernière pratique est fort recommandée par plusieurs auteurs ; mais je ne vois pas l’utilité de l’écorce conservée sur la partie intérieure du coin, puisque la réunion de la greffe au tronc ne s’opère jamais que par l’écorce extérieure qui touche immédiatement celle de l’arbre. L’écorce intérieure de la branche, il est vrai, doit être soigneusement ménagée jusqu’à l’endroit