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vient Vient à former des haies impénétrables comme on le voit (Figure 5.) J’entrerai dans de plus grands détails au mot haie.

Il me reste à parler d’une autre méthode de greffe par approche, décrite par M. Cabanis, dans son Ouvrage intitulé Essai sur les principes de la greffe ; il s’explique ainsi : « On choisit sur un arbre de bonne espèce une branche vigoureuse, de la même grosseur que le sujet à greffer ; on la coupe à un pied & demi ou deux pieds de longueur, & on la plante au pied du sauvageon, assez près pour qu’on puisse les unir ensemble. Il est bon qu’elle entre sept à huit pouces dans une bonne terre franche, meuble, mêlée de bon terreau. On fait ensuite, tant au sauvageon qu’à la branche fichée en terre, une entaille oblongue qui aille jusqu’au cœur ; on y joint les deux plaies, comme pour la première méthode de greffer en approche : cela fait & l’appareil bien assujetti, on abat la sommité de la greffe, ne laissant que trois ou quatre boutons au-dessus des points d’union ; & en même temps on enlève un anneau de l’écorce du sauvageon qui surmonte : par ce moyen, la sève du sujet se porte avec plus de force vers la plaie, & le calus se fait plus promptement.»

» Après l’opération ainsi faite, il faut arroser abondamment le sauvageon & la partie de la greffe fichée en terre, pendant une quinzaine de jours, (supposé qu’on ne soit pas dispensé de ce soin par les pluies), afin que l’humidité de la terre procure à l’un ou à l’autre une nourriture suffisante & capable de faciliter & assurer leur union. Au bout de ce temps, ou pour mieux dire, lorsque l’union est bien évidente, on abat tout-à-fait la sommité du sauvageon, immédiatement au-dessus de la greffe, afin que celui-ci reçoive toute la sève ; mais on laisse subsister la partie fichée en terre jusqu’à l’année suivante. Elle ne manque guères d’y prendre racine pour peu qu’il y ait de disposition. On a par ce moyen deux arbres greffés au lieu d’un, lorsqu’on vient à séparer cette bouture enracinée du sujet greffé. Cette méthode se pratique au printemps, un peu avant l’explosion des premiers bourgeons. Si l’on avoit néanmoins des arbres précieux dans des pots, on pourroit les greffer de cette sorte dans le temps même de l’hyver, en observant de les tenir dans un endroit tempéré pour y entretenir un peu de circulation de la sève. »

On sent combien il est aisé de multiplier la méthode de greffer par approche. Voici un fait que j’ai vu. Un Particulier sema des pépins de raisins de quatre espèces différentes. Les pépins furent mis dans un pot & dans le même trou au milieu du pot ; mais chaque espèce de son côté. Presque tous levèrent, un grand nombre fut supprimé, & il laissa deux pieds de chaque espèce. À la seconde année, il fit passer les jeunes tiges par un cylindre de fer blanc de six pouces de hauteur & qu’elles remplissoient presqu’en entier. Elles se collèrent les unes contre les autres, la soudure du fer blanc commençoit déjà à céder à leurs efforts ; il fallut environner le cylindre avec du fil de fer : enfin, à l’entrée de l’hiver suivant, il s’étoit formé un bourrelet au haut du cy-