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perpendiculairement un tiers ou la moitié du tranchant du ciseau sur le tronc à greffer, &, à petits coups de maillet, faites-les entrer dans la substance du bois, & jusqu’au point que vous jugerez convenable. Laissez-le dans l’incision qu’il aura faite, si votre greffe n’est pas encore préparée. Retirez ensuite doucement le ciseau, servez-vous de l’instrument coudé, (Fig. 17) & à mesure qu’il soulèvera, commencez par enfoncer la base du coin de la greffe au bas de l’ouverture, & ainsi de suite, en remontant jusqu’à ce que le ciseau ou le levier coudé soient entièrement sortis. Cette opération meurtrit un peu les deux côtés de l’écorce du sujet, & on peut prévenir ce petit inconvénient, en traçant avec la pointe de la serpette une ligne de division sur la partie de l’écorce. Alors le bois seul est pressé par le ciseau. À la place du ciseau, pour maintenir l’ouverture, on peut le suppléer par le petit coin de bois dont on a parlé plus haut, qu’on enfonce ou qu’on retire, suivant le besoin.

La greffe en fente & en croix est la répétition du même travail ; c’est à-dire, que si le tronc a six ou huit pouces de diamètre, on place quatre greffes qui forment une espèce de croix, si on tire une ligne transversale de l’une à l’autre. Cette greffe, ainsi que les précédentes, doivent être garnies avec de l’onguent de Saint-Fiacre, recouvertes avec un linge ou de la mousse, & le tout maintenu par des osiers. Si on se sert d’un linge, il convient, avant de placer la greffe, de le présenter sur le tronc, d’y pratiquer deux ou quatre ouvertures, par lesquelles la partie supérieure des greffes sortira, lorsque le tout sera convenablement rangé.


§. II. De la Greffe en fente, appelée en couronne, & de celle entre l’écorce & le bois.


La première opération consiste à scier le tronc ou la grosse branche de l’arbre (Figure 11) à la hauteur convenable ; de rafraîchir, avec la serpette ou tel autre instrument, le bois meurtri par la scie, ainsi que l’écorce. Si on place plus de quatre greffes, ainsi qu’il a été dit dans la précédente section, leur nombre ressemble aux pointes d’une couronne ; elle ne mérite pas exactement ce nom, aussi-bien que celle dont il s’agit. Lorsque l’arbre est paré, on prend un petit coin de bois dur, qu’on introduit entre la partie ligneuse & l’écorce ; on soulève doucement celle-ci, afin de ne la point endommager ; on retire doucement le coin, en tenant l’écorce soulevée avec l’instrument en Z ou à crochet, (Figure 17) & la greffe prend sa place.

La greffe doit être taillée sur la longueur d’un pouce au moins, en manière de coin ; mais la réussite exige qu’elle ne soit taillée que d’un côté, de manière que le bois de la greffe corresponde directement & touche le bois d’arbre ; & du côté extérieur, que l’écorce touche à l’écorce dans le plus grand nombre de points possibles. Afin de mieux assujettir la greffe, on doit laisser un cran ou espèce d’entaille du côté du bois, & lorsque le tout est mis en place dans ; la situation convenable, on l’assujettit avec des liens, ainsi qu’il a été dit plus haut.

Cette manière de greffer est seule-