Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/391

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sait que l’évaporation n’est que le mouvement d’un fluide occasionné, ou par l’échappement d’un autre fluide qui, traversant le premier, entraîne avec lui ses parties les plus subtiles, (telle est l’évaporation de l’eau sur le feu, ou qu’on électrise) ou par l’attraction & la dissolution opérée par une substance qui repose sur ce fluide, & qui le rencontre dans sa sphère d’activité (comme l’air & la lumière sur les liqueurs, un fer rouge au-dessus d’une masse résineuse). Aucun de ces cas ne peut convenir au nuage qui n’est pas électrisé en plus ; dès-lors, point d’évaporation.

Mais, dira-t-on, on ne s’apercevroit de l’électricité des nuages que lorsqu’ils en seroient surabonamment chargés, ou plutôt ils le sont donc dans toute l’année, puisqu’ils en donnent des signes ?

La réponse est facile. 1°. Les nuages, quoique toujours électriques, ne le sont pas toujours en plus, 2°. Quelque foible que soit cette surabondance, elle doit être soutirée par la pointe d’un électromètre, & agir sur ses deux petites boules. Toutes les fois qu’à une quantité donnée d’électricité, vous en ajouterez une nouvelle, le corps qui en sera le dépôt en donnera des signes par la répulsion. Tel est l’état de l’hectomètre à l’approche d’un nuage. Si ce nuage électrisé, naturellement formé très-haut, vient à descendre, dès cet instant il s’électrisera positivement, & plus il descendra des régions supérieures de l’atmosphère, plus il les parcourra avec rapidité, plus il se surchargera. La pointe isolée soutirera alors cette surabondance : mais si le nuage s’est formé dans une région moyenne, qu’il ne s’élève ni ne s’abaisse point, & que son mouvement horizontal soit très-peu considérable, la surabondance sera presque nulle, & l’indication de l’électromètre très-foible. Remarquons cependant que, dans quelqu’état que soit le nuage, c’est toujours un amas de vapeurs, dont les molécules extrêmement fines & divisées sont plus légères qu’un pareil volume d’air, & que, pour que nous ayions des gouttes tombantes, soit en pluie, soit en grésil, il faut une autre cause violente, qui rassemble ces vapeurs, & les condense en glace.

Comment donc la grêle se formera-t-elle ? le voici : tant que le nuage n’aura pas une surabondance d’électricité, point d’évaporation ; car s’il se faisoit une évaporation, les vapeurs, loin de descendre, monteroient plus haut, devenant plus tenues & plus légères. Point d’évaporation, par conséquent point de nouveau degré de froid ; car s’il survenoit un nouveau degré de froid sans évaporation, les molécules de vapeurs se condenseroient, formeroient des gouttes & tomberoient en pluie. Les molécules flotteront donc tranquillement les unes à côté des autres à une hauteur proportionnée à leur pesanteur. Si, tout d’un coup, un nuage surchargé d’électricité vient à passer à côté du premier, ou au-dessus ou au-dessous de lui, il se dépouillera de son excès. S’il le fait tranquillement, par communication & sans étincelle, les molécules des vapeurs électrisées en plus s’attireront tout doucement, se réuniront en petites gouttes, redescendront dans les régions inférieures de l’atmosphère, jusqu’à ce que, rencontrant une zône