Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souche principale, de ménager les racines, & de les replanter avec soin. Il est prudent de commencer cette opération dès que les feuilles sont tombées en automne, & dès que le bois est mûr : leur reprise est plus assurée que dans les plantations tardives.

Doit-on tailler, chaque année, le groseillier, où le livrer à lui-même ? Par la taille, on lui donne la forme que l’on veut ; on s’assure du bois nouveau & du fruit : si on ne le taille pas, le bois épuisé, ou trop vieux, meurt, & de nouveaux rejets le remplacent. J’ai vu de très volumineux & très-beaux groupes, qu’on n’avoit pas touché depuis plus de dix ans, se charger à chaque année d’une quantité prodigieuse de fruits, lorsque les pluies ou les vents froids n’avoient pas fait couler les fleurs. Je crois qu’il est dans l’ordre de supprimer, seulement chaque année, les bois morts, & quelque peu de branches inutiles. Si on veut tailler, on peut rabaisser les forts bourgeons à trois ou quatre yeux, & les foibles à un ou deux : mais, je le répète, c’est mettre de l’importance à un objet qui ne l’exige pas. On voit un exemple frappant de ce que j’avance, dans les haies faites avec le groseillier épineux ; le groseillier commun n’est pas plus délicat ; celui à fruit blanc, couleur de perle, l’est davantage.

On peut conserver presque jusqu’aux gelées les groseilles sur l’arbre : elles sont alors délicieuses ; la partie sucrée masque leur acide, & elle est plus rapprochée par l’évaporation d’une certaine quantité d’eau de végétation. Ce moyen bien simple consiste, lorsque le fruit est mur, à envelopper avec de la paille longue l’arbrisseau, & de le couvrir de toute part. Pour soutenir la paille, on plante un ou plusieurs piquets en terre, contre lesquels elle est assujettie avec des osiers ou des cordes qui s’opposent à son dérangement. Le sirop de groseilles se fait comme tous les autres [[Cours d’agriculture (Rozier)/SIROP[sirops|Sirop[sirops]]. (Voyez ce mot). Voici une manière bien simple de préparer une gelée avec ce fruit.

Dans un plat quelconque, profond & évasé, mettez la quantité de sucre que vous désirerez, & il doit être réduit en poudre très-fine. Ayez une spatule ou une cuiller d’argent. Dans un autre vase, exprimez le jus des groseilles, passez-le & pressez-le à travers un linge serré, afin d’en séparer les grains & les débris du parenchyme… Videz doucement un peu de ce suc sur le sucre, & remuez sans cesse avec la spatule jusqu’à ce qu’il se soit approprié autant de sucre qu’il est susceptible d’en prendre… Ajoutez de nouveau suc, mêlez comme la première fois, & ainsi de suite, jusqu’à ce que le mélange n’ait d’autre consistance que celui d’une gelée. S’il est trop liquide, la fermentation vineuse s’y établira, & elle s’y établira encore plus facilement si les groseilles sont trop mûres. Dans ce cas, ajoutez un peu de sucre en poudre, & mêlez de nouveau. S’il y a trop de sucre, la gelée se candira ; mais il est aisé de connoître, au simple coup-d’œil, le point convenable. Cette gelée, faite sans feu, conserve tout le parfum de la groseille ; celle, au contraire, faite sur le feu, & par évaporation, l’altère, Ces deux espèces de gelées