Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/425

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de l’agriculture, il faut distinguer ceux qui conviennent aux climats méridionaux ou à ceux du nord. Sans cette précaution, tout ce que l’on écrit devient trop général, & par conséquent à peu près inutile.

§ I. Des Arbres & Arbustes épineux, propres aux Provinces méridionales.

Le plus utile, sans contredit, est le grenadier, (voyez ce mot) soit à fruit acide, soit à fruit doux & vineux, soit à fleur double ; le second est à préférer aux deux autres ; le premier est plus épineux que le second & le troisième. Cet arbre réunit l’avantage de buissonner singulièrement lorsqu’on le veut, & de former des haies impénétrables ; son feuillage & ses jeunes pousses sont respectés par les troupeaux, & il donne des fruits fort recherchés.

Après lui vient le paliure, ou porte-chapeau, (voyez le mot Paliure). L’Azerolier, (voyez ce mot) venu par semis ou par drageons & non greffé, peut remplacer l’aubepin qui réussit fort mal en général dans ces climats chauds & secs.

Il seroit important de naturaliser dans nos provinces du midi le févier épineux d’Amérique. Comme je n’en ai pas parlé au mot févier, je vais le décrire.

Von-Linné le classe dans la dioécie hexandrie, & le nomme gleditsia triacanthos ; M. Duhamel l’appelle gleditsia spinosa.

Fleur. Ordinairement la fleur mâle est portée sur un pied différent, & séparé de celui de la fleur femelle, néanmoins M. Duhamel a remarqué quelques fleurs mâles sur les individus femelles, & des fleurs hermaphrodites sur des individus mâles. Cette variété singulière seroit-elle due au changement de climat ?

Les fleurs mâles sont portées sur de longs chatons épais, compactes ; leur calice est divisé en quatre parties, droites, ouvertes, & les découpures sont concaves ; les pétales, au nombre de quatre, ovales-linéaires, concaves & presque disposés en rose ; les étamines au nombre de six.

Fleurs femelles, portées sur des chatons lâches ; les pétales plus grands que ceux des fleurs mâles, & disposés comme eux ; le pistil dépasse la corolle.

Fruit. Le pistil se change en une silique large, très-aplatie, un peu charnue, remplie de semences ovales, alongées, dures, luisantes.

Feuilles, doublement ailées ; leur forme & leur disposition approchant de celles de l’acacia, d’un vert plus foncé ; elles se replient le soir & se développent le matin, plus ou moins tard, suivant la sérénité de l’air. (Voyez le mot Sommeil des plantes).

Port. L’arbre s’élève assez haut ; son écorce est grisâtre ; ses épines sont placées un peu au-dessus de l’insertion des feuilles ; elles sont rougeâtres, longues, & ont deux épines plus petites près de leur base. Il est originaire de Virginie.

Cet arbre se multiplie par les semences qui lèvent avec la plus grande facilité, & végète sans beaucoup de soin. Si on conserve les branches qui naissent sur la tige principale, ou les tiges qui partent des racines, il est aisé d’en former de bonnes haies.

Le genêt épineux ou l’ajonc, (voyez ce mot,) garanti de la dent des