ment, & se réunissent dans tous leurs points lorsque vous les croiserez ; mais surtout ayez grand soin de ne pas meurtrir les écorces à l’endroit où elles doivent se toucher.
Tout étant ainsi disposé, prenez de la mousse, de la filasse ou telle autre substance flexible ; enveloppez ces branches sur leur point commun de réunion, &, avec un osier, serrez assez fortement la mousse, afin que cette mousse & cette ligature subsistent pendant le reste de l’année sans se déranger ; passé ce temps, tous deux deviennent inutiles.
Cette greffe par approche (voyez ce mot) une fois exécutée, fichez en terre un échalas E, de manière qu’il soit solidement planté & ne craigne pas d’être ballotté & agité par les vents ; &, sans faire perdre aux deux branches leur direction presque horizontale, & sans déranger la greffe, assujettissez-les avec un nouvel osier contre l’échalas : il ne reste plus qu’à couper les deux sommités des branches en FF, & à ne leur laisser qu’un œil ou deux au-dessus du point de leur réunion. La force des branches doit décider le nombre des boutons.
Si la vigueur de l’arbre vous a permis de laisser deux branches de chaque côté, vous ajusterez les supérieures comme les inférieures, ce qui donnera autant de greffes par approche. Tout autour de la réunion de ces greffes, il se formera, pendant l’été & pendant l’automne, des protubérances ; l’écorce de l’une s’identifiera avec celle de l’autre ; enfin, le tout s’unira avec une si grande intensité, que l’année suivante, ces branches, tourmentées par des vents ou par d’autres causes, se rompront plutôt ailleurs, que dans la greffe.
Il faut observer que si l’on serroit trop fort l’osier contre les points de réunion, les branches venant à grossir dans le cours de l’année, l’osier imprimeroit des sillons dans leurs substances, & ces sillons nuiroient jusqu’à un certain point à l’ascension de la sève vers le bourgeon supérieur, pendant le jour, & à la descente de cette même sève des branches aux racines, pendant la nuit.
Cependant, si l’on voit que la branche provenante du bourgeon C (Figure 4) soit emportée par la sève, & qu’elle pousse trop vigoureusement & aux dépens des bourgeons inférieurs GG, il convient alors de serrer la ligature. La sève se portera moins rapidement vers l’extrémité, & fortifiera les branches inférieures GGG. On doit les ménager avec soin & ne pas les perdre de vue. Si elles sont trop multipliées, il faut en supprimer quelques-unes, afin que les restantes prennent plus de corps & de consistance, & on les laisse croître jusqu’à ce qu’elles puissent être mariées ou greffées par approche avec les branches voisines, par une opération toute semblable à la première, ainsi qu’on le voit dans la Figure 3.
On peut, pour plus grande sureté, & pour cette seconde ou troisième fois seulement, donner des tuteurs aux nouvelles greffes. Parce que, dans la suite, les mères-branches seront assez fortes & soutiendront leurs rameaux.
Il suit naturellement de ce qui vient d’être dit, qu’il faut saisir toutes les occasions de réunir deux branches ; par approche, en les éloignant, autant qu’il sera possible, de la direction perpendiculaire qui attire trop fortement la sève vers la région