Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/455

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d’air & à l’ombre, est celui qu’on doit choisir par préférence.

» Quand les haricots sont bien secs, on doit les enfermer dans des sacs de papier & les remplir ; ils ne doivent être percés nulle part, & on les gardera bien après y avoir mis les haricots, en collant leur ouverture de manière que l’air n’y puisse entrer par aucun endroit ; on fermera ensuite le sac dans un lieu sec, jusqu’à ce qu’on veuille en faire usage

» Lorsqu’on voudra en manger, on prendra un ou deux de ces sacs dont on tirera les haricots que l’on mettra tremper dans l’eau fraîche, depuis le matin jusqu’au soir ; cette eau les fera renfler & leur rendra leur première verdure : on pourra alors les faire cuire, les assaisonner, les servir, comme s’ils venoient d être cueillis : le goût n’en sera pas tout-à-fait le même, mais la différence n’en sera pas bien grande ».


HATIF. Terme de jardinage, pour désigner qu’un fruit ou une fleur viennent avant le temps ordinaire. Deux causes produisent cette précocité : la première & la plus ordinaire, est le retour d’un certain degré de chaleur qui devance le retour de la saison où il a coutume de se faire sentir, & ce degré de chaleur augmente & se soutient. On sait que la végétation, la fleuraison & la maturité des fruits sont toujours relatifs au degré de chaleur de l’air ambiant, (voyez le mot Amandier) ; il n’est donc pas surprenant que les fleurs se hâtent d’épanouir & les fruits de mûrir suivant la constitution de l’atmosphère. Dans ces circonstances, les récoltes ne sont pas toujours bien abondantes, mais elles ont de la qualité : les fruits sont délicieux, parce que la végétation suit une marche uniforme, & n’est point interrompue.

La seconde cause regarde les individus en particulier plutôt que la masse ; elle doit, je crois, son origine aux soins long-temps continués d’une excellente culture. Développons quelques idées à ce sujet ; quoique problématiques dans le fond, elles me paroissent cependant avoir de la réalité, au-moins jusqu’à un certain point ; je les donne pour ce qu’elles sont, & n’y attache aucune importance. La vigne nous fournit un des principaux exemples ; il est démontré qu’elle est originaire d’Asie, que les premières vignes cultivées en Europe le furent par les Marseillois ; que de proche en proche sa culture suivit le cours du Rhône, de la Saône ensuite ; enfin elle s’étendit insensiblement dans toute la Gaule. Je demande actuellement : Les plants de vignes cultivés aujourd’hui dans le territoire de Marseille, sont-ils spécifiquement les mêmes que ceux apportés de Grèce dans l’origine ? La même question a lieu relativement à Marseille pour les plants aujourd’hui cultivés dans le reste du royaume. L’expérience prouve que l’on vendange actuellement à Paris au moins aussitôt, pour ne pas dire plutôt, qu’en Provence & qu’en Languedoc. Cependant l’intensité de la chaleur de ces climats est en raison de leur proximité du midi, abstraction faite des abris ; (voyez le mot Agriculture) & l’on peut dire que le terme moyen de ka chaleur du climat de Paris pendant l’été est de 18, tandis que celui du climat de Marseille ;