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beaucoup, & bien loin d’afToiblir, elle est souvent un moyen de ressource que la nature emploie pour guérir les maladies les plus graves.

Il n’en est pas de même de l’hémorragie symptomatique ; elle est presque toujours d’un mauvais augure, ou l’annonce de quelque vice, d’une dissolution, ou d’un ulcère établi dans quelque viscère essentiel à la vie.

Cette hémorragie entraîne nécessairement après elle une perte de force, & une foiblesse dans le pouls ; il est souvent très-difficile de l’arrêter ; les remèdes les plus efficaces échouent, & des malades succombent.

Nous avons déjà parlé de l’hémorragie du poumon, au mot Hémoptysie : nous aurons occasion de faire connoître celle qui vient de la matrice au mot Perte de sang, & celle de la vessie au mot Pissement de sang. Nous renvoyons le lecteur pour l’hémorragie de l’anus, au mot Hémorroïdes, & pour ce qui concerne celle de l’estomac, au Vomissement de sang, (Voyez ces mots).

Nous ne ferons mention, dans cet article, que des hémorragies les Plus communes, & les plus familières au cultivateur telles que celle par le nez, les hémorragies périodiques, & celles qui viennent à la suite de quelque solution de continuité, par cause externe, sans perdre de vue les causes qui les ont produites.

Un régime de vie pris dans les alimens trop succulens, un embonpoint excessif, le défaut d’exercice, tout ce qui occasionne une surabondance de sang, peut causer l’hémorragie.

Une trop longue exposition aux ardeurs du soleil, un tempérament vif & sanguin, un exercice immodéré, la course trop précipitée du cheval, l’usage du café & des liqueurs spiritueuses, celui des vins forts, & qui n’ont point fermenté, des coups portés à la tête, une frayeur, peuvent la déterminer.

Elle dépend encore de la suppression de quelque évacuation périodique, comme les règles, les hémorroïdes, des fortes passions, des purgatifs trop violens, des efforts d’un émetique, qui aura déterminé le sang vers la tête, d’une fréquente & trop forte sternutation.

Elle peut reconnoître pour cause l’acrimonie du sang, une affection scorbutique, ou véronique.

L’hémorragie causée par la rupture des vaisseaux, se trouve dans les efforts violens, après des cris redoublés & un chant forcé, ou après des efforts violens pour aller à la selle.

Les signes avant-coureurs de l’hémorragie, sont la pesanteur & la douleur de tête, la rougeur des yeux & du visage, la pulsation des artères temporales, un tintement d’oreilles, l’aversion de la lumière, un larmoiement involontaire, un sentiment de prurit aux narines, la tension des hypocondres. Les malades quelquefois voyent les objets en rouge : c’est d’après une pareille observation, que les anciens ont conseillé d’écarter les couleurs rouges. Si on a regardé cette idée comme puérile, c’est qu’on n’a pas connu l’influence de l’ame sur le corps. On ne peut pas, il est vrai, donner pour cela des raisons physiques & exactes ; mais l’expérience en prouve assez la vérité : c’est elle qui guida Galien,