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la difficulté de respirer est considérable, & que les flancs sont agités.

Le danger de cette maladie est toujours relatif à l’activité de ses symptômes : le sang, par exemple, qui s’échappe par les naseaux, est-il écumeux, clair & très-abondant ? l’animal est en danger de perdre la vie ; ne s’écoule-t-il qu’en petite quantité, n’y a-t-il ni battement des flancs, ni difficulté de respirer ? La maladie peut se guérir, pourvu toutefois que la suppuration, comme il arrive assez souvent, ne succède pas à cette évacuation. La saigné à la veine, jugulaire, est le remède le plus prompt & le plus essentiel à mettre en usage : quoique très-nécessaire dans le premier temps, elle ne doit pas être poussée trop loin, dans la crainte de précipiter l’animal dans la phthisie pulmonaire, (voy. Phthisie) Il faut avoir égard à la quantité du sang évacué par les naseaux, à l’état pléthorique de l’animal, à ses forces vitales. Les rafraîchissans, les astringens, les vulnéraires, sont les remèdes dont on doit user après la saignée ; tels sont, l’eau blanchie avec la farine de riz, & la décoction de grande consoude, aiguisée de deux drachmes d’alun, sur six livres d’eau ; la décoction de plantain, de pimprenelle, de lierre terrestre, de pervenche, &c. : on eut aussi faire prendre, soit & matin, au bœuf & au cheval, un bol composé d’une once de cachou, incorporé dans suffisante quantité de miel. L’application de l’eau à la glace, sur les parties latérales de la poitrine, peut réussir quelquefois ; mais ne l’employez qu’après avoir tenté les remèdes ci-dessus.

Tenez l’animal malade dans une écurie propre, sèche ’& bien aérée ; ne lui présentez ni foin ni luzerne, ni avoine, que l’hémoptysie ne soit parfaitement suspendue, & ne le faites travailler que douze ou quinze jours après la guérison. M. T.


HÉMORRAGIE, Médecine rurale.

On entend par hémorragie, une éruption de sang de quelque partie du corps que ce soit, causée par la rupture, l’ouverture ou l’érosion des vaisseaux sanguins.

Il n’y a aucune partie du corps vivant qui ne soit sujette à l’hémorragie, parce qu’il n’a aucune partie où il ne se trouve des vaisseaux susceptibles d’être ouverts par une cause quelconque, tant interne qu’externe.

Il est prouvé que tout corps capable de couper, déchirer, ouvrir, corroder, peut donner lieu à des écoulemens de sang, en écartant les fibres qui composent les parois des vaisseaux par la solution de continuité de leurs membranes & de leurs tuniques.

D’après cela, l’hémorragie peut venir des oreilles, du nez, des yeux, des gencives, & de toutes les parties de la bouche. Elle peut avoir son siège dans les poumons, dans l’estomac & les intestins ; dans les vaisseaux hémorroidaux, & dans les organes de la matrice.

Les hémorragies internes sont toujours plus dangereuses que les externes. Il est aussi très-difficile d’y apporter se remède convenable.

On distingue deux sortes d’hémorragies ; l’une est critique, & l’autre symptômatique : l’hémorragie critique est ordinairement salutaire, & n’épuise jamais celui qui en est attaqué ; au contraire, elle soulage