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le foie, on a recours aux remèdes propres à les combattre. (Voyez Obstruction).

Les remèdes astringens ne seront employés que lorsque le flux hémorroïdal sera excessif, & qu’il y aura à craindre un état de foiblesse. On commencera par les plus simples, pour passer insensiblement à l’usage des plus énergiques.


HÉPATIQUE, (flux) Médecine Rurale. Le flux hépatique est une maladie assez rare, qui s’annonce toujours par un cours de ventre séreux ; & sanguinolent, semblable à la lavure des chairs ; & accompagné de fièvre lente, de dégoût, & d’une amertume à la bouche.

Ceux qui en sont atteints, rendent beaucoup de vents, leurs urines sont jaunes, & déposent un sédiment bilieux ; ils ressentent dans l’hypocondre droit, une douleur & une forte rénitence : leur visage est d’un jaune assez foncé, ils sont tourmentés de la toux & d’une difficulté de respirer ; quelquefois le sang leur sort du nez & de la bouche.

D’après cette description, il est aisé de voir que le siège de cette maladie est dans la substance du foie.

Elle se manifeste à la suite de quelque longue maladie qui attaque ce viscère : les mélancoliques, les hypocondriaques, les tempéramens bilieux y sont très-sujets.

Elle diffère des hémorroïdes, & de la dyssenterie, en ce que le sang qui sort par le fondement, est mêlé aux excrémens ; qu’il est, au contraire, vermeil & pur dans les hémorroïdes ; & qu’il n’y a jamais ni douleur, ni tranchée, ni ténesme dans le flux hépatique, comme dans la dyssenterie.

Dans les causes du flux hépatique, on doit comprendre tout ce qui peut obstruer le foie ; l’inertie & la foiblesse de ce viscère, une trop grande quantité de bile dégénérée, l’inflammation de la vésicule du fiel, le relâchement des fibres de l’estomac & des autres viscères, un abcès dans le foie ou dans la rate, la suppression de quelque évacuation habituelle.

Le flux hépatique est une maladie très-dangereuse, sur-tout si, dans son déclin, on observe chez les malades un abattement de forces, une foiblesse dans le pouls, un froid aux extrémités, la voix rauque, les yeux caves, un penchant à la lypothìmite, mais le danger est encore plus grand, & la mort même certaine, si le sang, loin d’être séreux & sanguinolent, est noir, & ressemble à l’atrabile.

Le traitement de cette maladie, consiste à suivre les indications que peuvent fournir les symptômes qui ont précédé ; & qui en déterminent la nature.

Sous ce point de vue, si le flux hépatique dépend d’une abondance de sang, d’une inflammation dans la substance du foie, la saignée sera très-avantageuse, pourvu qu’il n’y ait d’ailleurs aucune contre-indication.

S’il est l’effet d’une suppression d’hémorroïdes, ou des règles, on appliquera des sangsues à l’anus, pour dégorger les vaisseaux hémorroïdaux ; s’il est critique, on ne doit point l’arrêter ; souvent il tient lieu d’évacuation habituelle, & peut être très-avantageux dans l’inflammation du foie.

Mais s’il est produit par des obstructions dans ce viscère, avant de