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§. I. De la Récolte des Plantes pour un Herbier.


Le botaniste qui entreprend quelque course que ce soit, dans l’intention de ramasser des plantes, doit se munir d’une boîte de fer-blanc plus ou moins grande, dont le couvercle est à charnière & s’ouvre sur la largeur : au fond de la boîte on peut mettre une éponge imbibée d’eau sur laquelle reposeront les plantes que l’on y renfermera, l’humidité qu’elle entretiendra dans la boîte empêchera les plantes de se faner, & de se dessécher, sur-tout si l’on herborise dans les ardeurs du soleil, comme souvent on est obligé de le faire. C’est dans cette boîte qu’il met les plantes à mesure qu’il les ramasse, avant que de les arranger dans son porte-feuille. Comme il est intéressant au botaniste de cueillir la plante dans son état de perfection, il faut qu’il ait soin de la prendre en fleur, autant qu’il le pourra. Parmi les tiges portant fleurs, on choisit celles dont les couleurs sont plus belles & le port mieux conservé : si la plante est petite, on la prend toute entière, sinon, on prend de préférence la tige qui contient branches, feuilles, boutons & fleurs. Pour compléter son histoire, on y joint la racine quand elle est de nature à être conservée dans un herbier : à mesure que la récolte se fait, on l’arrange dans la boîte, de façon cependant, que les diverses branches ne se brisent pas, & ne plient point. L’humidité de l’éponge prolongera leur vie au moins jusqu’au soir. Il faut avoir soin cependant d’éviter que les feuilles & les fleurs touchent cette éponge, parce qu’elles noirciraient insensiblement ; il n’y a que l’extrémité de la tige qui doit reposer dessus. Par la même raison, on ne doit cueillir les plantes, autant que cela se peut, que par un temps sec, & lorsque le soleil a enlevé toute l’humidité de la rosée ; lorsque les fleurs sont bien épanouies & les feuilles bien étendues. On doit prendre deux ou trois pieds de chaque plante, afin de pouvoir les comparer, & s’assurer par-là, que l’individu que l’on cueille n’est pas une variété de l’espèce. Par rapport aux arbres & aux arbustes, on est forcé de se restreindre aux feuilles, aux parties de la fructification, ou tout au moins, à ne cueillir que l’extrémité des jeunes pousses. L’usage & l’expérience en apprendront encore plus que les préceptes que nous venons de donner.


§. II. Récolte du Pharmacien.


Les détails que l’on lit sur cet objet, ainsi que sur la dessiccation des plantes, dans les Démonstrations élémentaires de botanique à l’usage de l’École Royale Vétérinaire de Lyon, concernant exactement tout ce que le pharmacien doit faire, nous allons les donner tels qu’ils se trouvent dans cet ouvrage.

« Le choix de la saison est très important pour la récolte des plantes & des parties qui les composent : il en est qui sont dans leur état de vigueur au printemps, d’autres en automne, d’autres en été ; quelques-unes demandent à être cueillies en hiver. Chaque partie de la plante a pareillement ses