Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/495

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premier comprendra toutes celles dont les parties sexuelles, mâles & femelles, sont renfermées dans la même fleur, c’est-à-dire, l’étamine, organe mâle, & le pistil, organe femelle. La tulipe, la rose, la giroflée, le choux, la rave, &c. &c., sont des exemples. Le second comprend les fleurs à étamines, séparées des fleurs à pistil, mais sur le même pied ; les courges, les melons, les concombres, &c., sont dans ce cas ; enfin, pour le troisième, les fleurs à étamines portées sur des pieds différens de ceux des fleurs à pistil. Cette séparation des organes reproducteurs est très-caractérisée dans le chanvre, le pistachier, &c. Il existeroit un quatrième ordre de plantes, dont les parties sexuelles sont d’une si grande exiguité qu’elles échappent à la vue de l’homme, même aidée par une loupe. On a appelé ces plantes cryptogames, ou dont les noces sont cachées. Cependant M. Necker, dans une savante Dissertation sur les mousses, couronnée par l’Académie des Sciences de St. Pétersbourg, a démontré leur hermaphrodisme. Il n’y a donc que les seules plantes à fleurs mâles séparées des fleurs femelles, ou sur le même pied, ou sur des pieds différens, qui ne soient pas de vrais hermaphrodites ; mais dans tous les cas il n’y aura point de véritable fécondation sans les transports ou union des étamines ou poussière fécondante sur le pistil. Les anciens avoient parfaitement reconnu la distinction des deux sexes dans plusieurs plantes, par exemple, le chanvre, & par une dénomination mal appliquée, ils appeloient chanvre mâle celui qui porte la graine, & femelle celui qui porte la poussière fécondante. Nos paysans, en général, ont conservé la même dénomination. La découverte des fleurs proprement dites hermaphrodites, étoit réservée au célèbre von-Linné, & c’est d’après la distinction des sexes, qu’il a établi son ingénieux & savant système de botanique, qui est aujourd’hui presque le seul suivi en Europe. Dans l’article de la putréfaction des plantes, ce grand homme ne vit que celui de la génération, & il l’appela les noces du règne végétal. La corolle[1] forme le palais où se célèbrent les noces ; le calice est le lit conjugal ; les pétales sont les nymphes ; les filets des étamines sont les vaisseaux spermatiques ; leurs sommets ou anthères, sont les testicules ; la poussière des sommets ou étamine, est la liqueur séminale ; le sommet du pistil ou stigmate devient la vulve ; son style est le vagin ou la trompe ; le germe est l’ovaire ; le péricarpe est l’ovaire fécondé ; la graine est l’œuf ; & le concours des mâles & femelles est nécessaire à la fécondation.

Si on a suivi, avec quelque attention, ce qui a été dit jusqu’à ce moment sur l’organisation des végétaux, aux mots anatomie, fécondation des plantes, &c., on doit reconnoître une analogie frappante, entre l’organisation de l’homme & celle du végé-

  1. Comme je suis obligé d’employer ici beaucoup de mots techniques, dont les définitions sont données dans le cours de cet Ouvrage, il convient de consulter les mots dont on ne connoit pas la signification.