Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/498

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Cet auteur attribue les causes de l’étranglement à l’inflammation, à l’engouement des matières & aux vents.

« Le gonflement inflammatoire des vaisseaux peut causer la hernie ; il faut alors saigner, & ne pas trop abuser de ce moyen, ni l’employer indifféremment & sans précaution. Si le malade est foible & âgé, les trop grandes saignées pourroient l’épuiser, & faire séjourner les liqueurs dans les vaisseaux engorgés, ce qui occasionneroit en peu de temps la gangrène ; s’il est d’un tempérament très-humide, les saignées excessives, l’application des remèdes relâchans peuvent affoiblir le ressort des vaisseaux, au point de les maintenir dans un état d’engorgement ».

» Dans les hernies récentes, qui paroissent subitement, sans que les ouvertures naturelles, par où elles se font, ayent été préalablement dilatées par quelque cause que ce soit, & dans celles qui se renouvellent, à l’occasion de quelque effort, après avoir été long-temps contenues par un bandage, l’étranglement produit bientôt l’inflammation ; ses progrès sont relatifs à l’étroitesse du passage, & au volume des parties. La constitution vigoureuse & pléthorique du sujet, peut aussi contribuer à la prompte augmentation des symptômes fâcheux ».

» La constriction étant forte, l’inflammation en est l’effet primitif. La douleur est vive, dès le premier moment ; la tumeur est tendue ; la fièvre s’allume promptement ; la marche des accidens est rapide ; il y a bientôt des nausées suivies de vomissement de matières bilieuses ; elles ne tardent pas à être d’une odeur fétide ; le ventre devient tendu & douloureux ; le hoquet survient ; & la gangrène, qui tue le malade, s’annonce, pour les personnes sans expérience, lorsque tout est désespéré ».

» Avant de tenter la réduction, il faut avoir recours aux saignées, & même les répéter, sans néanmoins perdre de vue l’âge, le tempérament, & les forces du malade. Les malades prendront de l’eau de poulet ; on leur donnera dans le commencement des huileux, qui sont très-propres à relâcher, & à calmer l’inflammation ; les antiphlogistiques, si nécessaires pour combattre l’état inflammatoire, doivent être donnés avec beaucoup de discrétion, crainte de surcharger le canal intestinal ; on appliquera sur la tumeur, des cataplasmes émolliens ; on mettra les malades dans une situation, telle que la tête & le tronc soient fort bas, les fesses & les cuisses relevées ; ces moyens sont quelquefois avantageux, & on voit souvent les hernies rentrer d’elles-mêmes, ou en faisant, avec les deux doigts indicateurs, une compression graduée, quand elles n’ont pas contracté d’adhérence ».

» Il y a des hernies anciennes qui ne rentrent jamais, & dont on ne pourroit tenter la réduction, sans exposer les malades aux plus grands dangers de perdre la vie ; il faut les respecter, dès que les malades n’en sont point incommodés, & que le cours des matières fécales n’est pas interrompu

» Quand la hernie est produite par l’engouement des matières fécales, la sensibilité n’est pas si grande ; la tumeur acquiert insensiblement un volume considérable ; les douleurs