Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/522

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& dès-lors les voilà fixés pour toujours dans des villes, comme si les villes, semblables à des gouffres, n’attiroient pas vers elles la population de ses environs. Si l’on calcule actuellement la dépense de nourriture & d’entretien de ces enfans, depuis le moment de leur entrée dans l’hôpital, iusqu’à celui où leur apprentissage finit, ils ne seront plus à charge à la maison, & l’on verra que chaque enfant lui coûte annuellement au moins 200 liv. ; mais comme il est employé à de petits travaux, Il peut gagner 50 liv. La dépense réelle est donc de 150 liv. Il est aisé actuellement d’avoir le montant de la masse de dépense par le nombre d’enfans dont on est chargé. À quoi a servi cesse dépense ? à prolonger tout au plus l’existence valétudinaire de ces individus, hors d’état, pour la plupart, de gagner leur vie. Dans les hôpitaux où l’on reçoit les gens âges, l’expérience prouve que ceux qui ont été élevés dans la maison, forment le tiers franc de ces individus ; les deux autres tiers ont fini leur carrière avant l’époque fixée pour la réception. Il résulte de-là que les hôpitaux sont chargés & de l’enfance de la vieillesse des mêmes individus.

Ces abus ou plutôt cette charité mal-entendue, fit ouvrir les yeux aux administrateurs des hôpitaux de Lyon ; & par une opération ben simple, ils trouvèrent le moyen de débarrasser leurs maisons de plus de deux nulle enfans à la fois, de manière qu’il ne reste aujourd’hui dans l’hôpital appelé Hôpital de la Charité, que les enfans contrefaits ou estropié.

Je n’aimerai pas dans les détails de cette belle administration, cela me mèneroit trop loin ; mais un simple précis de ce qui concerne les enfans trouvés & orphelin suffira pour donner une idée de l’opération. Les administrateurs des hôpitaux des autres villes, qui désireront des instructions plus étendues, n’ont qu’à s’adresser à ceux de Lyon.

Il p a deux hôpitaux à Lyon, l’un appelé Hôtel-Dieu ou grand hôpital, & l’hôpital de la charité & aumône générale.

On distingue trois classes d’enfans, enfans trouvés, orphelins, enfans délaissés.

1°. Les enfans trouvés sont à la charge de l’Hôtel-Dieu, depuis le jour de leur réception jusqu’à six ans & demi, époque à laquelle il les envoie à l’hôpital de la Charité.

1°. Les ""orphelins : l’Hôtel-Dieu adopte ceux qui n’ont pas 7 ans, & les envoie à la Charité sept ans ou six ans & demi. Ce déplacement ne se fait qu’une fois par an. La Charité adopte directement les enfans de 7 ans & au-dessus.

3°. Les délaissés ; ou enfans abandonnés des pères & mères fugitifs. L’admission & la remise sont les mêmes que dans l’article précédent.

Dans tous les temps l’Hôtel-Dieu a fait nourrir à la campagne tous les enfans de ces trois classes, & l’hôpital de la Charité y a reçu un grand nombre de ceux qui lui appartenoient par l’âge ; cependant on faisoit communément revenir ceux adoptifs, qui, ayant des parens connus, paroissent destinés à la ville.

Depuis 1758, on laisse beaucoup d’adoptifs à la campagne, & sans exception, tous les enfans-trouvés & tous les délaissés.

Les deux hôpitaux reçoivent sans