Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/542

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& il est étonnant qu’il ne parle pas des maladies ou accidens auxquels il est sujet.

On en connoît trois ; le miellat, (voyez ce mot) vulgairement appelé rosée mielleuse ; la moisissure improprement nommée rosée farineuse enfin les insectes & pucerons.

La mielleuse est une exsudation par les pores de la plante, de la matière de la transpiration, unie à une des substances qui constitue la sève. C’est cette substance sucrée qui attire une multitude de mouches, & sur-tout de pucerons & de fourmis y ainsi ce n’est point ce que nous entendons par le mot de rosée. Ce miellat peut très-bien avoir eu pour cause première une rosée froide qui aura intercepté la transpiration de la plante, & l’humeur excrémentitielles aura formé le miellat. À cet article nous entrerons dans de plus grands détails.

La farineuse est une moisissure qui se manifeste par des taches blanches sur les feuilles & ensuite sur les tiges. Le seul expédient proposé contre ces deux accidens funestes, est d’aller contre le vent, & de jeter en l’air de la cendre de hêtre, afin qu’elle se porte sur les endroits de la plante affectés de la maladie. D’autres enfin conseillent de fumer la houblonnière avec le fumier de porc. Je ne conclus pas sur la valeur de ces deux moyens, puisque je n’ai jamais été à même de les voir mettre en pratique, & de m’assurer de leur efficacité ; cependant s’il m’étoit permis d’avoir un avis sur une matière qui m’est étrangère, je ne craindrois pas de dire que le premier est dangereux, à moins qu’il ne survienne une pluie un ou deux jours après ; enfin que le second me paroît de nulle valeur quant à son objet.

En supposant que l’usage des cendres soit avantageux, il est indifférent qu’elles soient de hêtre ou de telle autre substance combustible, (la plus utile sera celle qui coûtera le moins) elles n’agissent pas ici en raison des sels qu’elles contiennent, mais en qualité de corps secs qui s’approprient l’humidité causée & entretenue à l’extérieur par la transsudation de la plante. Je les croirois moins nuisibles dans la moisissure que dans le miellat. Dans ce dernier cas, elles absorbent son humidité, & forment une croûte par leur adhésion à cette substance sirupeuse ; dès-lors elles bouchent encore plus les pores de la transpiration insensible. Si, comme je l’ai déjà dit, il survient une pluie, l’opération peut être très-utile, & dangereuse si le temps reste sec. Ne pourroit-on pas, si on a de l’eau dans le voisinage, imiter l’exemple des Hollandois qui se servent, pour laver les vitres & l’extérieur de leurs maisons, d’une petite pompe foulante, & par ce moyen on laveroit la plante du houblon depuis le haut jusqu’en bas. L’eau poussée avec assez de force dissoudroit le miellat, entraîneroit avec lui les pucerons & les insectes qui sont accourus pour y prendre leur nourriture, débarrasseroit la plante de cette multitude d’excrémens qui la noircit ; enfin, sa transpiration seroit rétablie. Cette pratique produiroit le même bien que la pluie.

Pour avoir une idée de la pompe des Hollandois, qu’on se figure un cylindre, en étaim, en cuivre, en