Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/543

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bois, &c. de deux, trois à quatre pouces de diamètre dans œuvre, sur une longueur de deux à trois pieds. À la partie inférieure est adaptée une canule recourbée, & dont la courbure remonte à la hauteur de cinq à six pouces à peu près de la forme d’un V. La première branche est la canule, & la seconde suppose le corps de pompe ; l’intérieur du cylindre est garni d’un piston fixé au bout d’un manche long de trois à quatre pieds ; enfin l’extrémité supérieure est fermée par une plaque de même métal, & à vis, mais percée dans le milieu pour laisser sortir, mouvoir, monter & descendre le piston lorsqu’on fait aller son manche. En un mot, elle ressemble à la seringue employée par les maréchaux ; la seule différence consiste dans la courbure de la canule. On a un baquet rempli d’eau, ou tel autre vase, ou l’eau d’un ruisseau, &c. & on plonge la seringue dans cette eau, en y inclinant la partie antérieure de la canule, afin qu’en tirant à soi le piston, il aspire l’eau ; ensuite en inclinant vers soi le corps de pompe, la pointe de la canule sort de l’eau ; alors on presse & pousse le piston qui fait jaillir au loin l’eau contenue dans le cylindre. C’est ainsi que j’ai vu laver, avec une adresse singulière, les façades des maisons ; c’est ainsi, ou par un moyen semblable, que M. le Maréchal de Biron fait laver ses arbres, lorsque la poussière du grand chemin s’y attache ; c’est encore ainsi que j’ai vu arroser des jardins. Il ne me paroît donc pas difficile de faire l’application de cette machine aux houblons. La dépense faite pour la plantation & l’entretien d’une houblonnière est considérable, & son dépérissement cause une trop grande perte pour se refuser à un moyen si simple, sur-tout lorsqu’on peut conduire l’eau sur une houblonnière.

Les corps n’agissent les uns sur les autres que par une opération purement mécanique. Il y a longtemps qu’on a abandonné les qualités occultes. Si cela est, comment le fumier de porc peut-il influer sur le miellat, sur les insectes, &c. ? Si on le jette en terre à l’époque indiquée pour les engrais, pourra-t-il empêcher la transpiration arrêtée pendant l’été ? Je conviens, si l’on veut, qu’il échauffera la terre ; mais c’est un courant d’air frais ou froid qui arrête la transpiration ; la chaleur qu’on lui suppose ne peut pas agir à vingt ou à trente pieds au-dessus du sol ; au contraire, plus le sol sera échauffé par lui, & plus il montera de sève pendant le jour au sommet de la plante, & par conséquent elle aura besoin d’une plus grande transpiration pour épurer les sucs qu’elle s’approprie. (Voyez le mot Amendement, le dernier Chapitre du mot Culture & le mot Sève).

Quant à la maladie de moisissure, je ne puis en parler, puisque je ne la connois pas ; cependant, si les cendres sont susceptibles de produire un effet salutaire, il me paroît que c’est dans ce cas, puisqu’elles absorberont la surabondance d’humidité qui cause la moisissure. Au surplus, je m’en rapporte aux cultivateurs.

XVI, Du houblon relativement à