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souvent en buisson dans les haies, mais il s’élève à la hauteur d’un arbre du second ou troisième ordre, dans les bois. L’écorce extérieure est d’un vert cendré ; l’intérieure est pâle, le bois d’un beau blanc, un peu brun dans le centre ; les fleurs naissent des aisselles des feuilles & plusieurs rassemblées. Les feuilles sont alternativement placées sur les tiges ; elles sont toujours vertes, & perdent leurs piquans lorsque le houx s’élève en arbre ; les fruits sont rouges.

Lieu. Les bois, les haies ; il fleurit en mai.

II. Propriétés médicales. Le houx répand une odeur désagréable ; la baie a une saveur douceâtre & nauséeuse ; la décoction de la racine & de l’écorce est émolliente, résolutive, les baies purgatives. On doit craindre d’employer le houx intérieurement, quoique quelques auteurs prescrivent les baies au nombre de dix à douze, pour purger les humeurs épaisses & pituiteuses.

III. Propriétés économiques. La glu dont on se sert pour prendre les oiseaux est meilleure que celle du gui. (Voyez ce mot). On rejette la pellicule extérieure ; on pile l’intérieure, on en fait une pâte qu’on enterre dans un lieu frais, dans un pot : après qu’elle a fermenté, on la retire, on la lave dans l’eau, on enlève les filamens ligneux, & on réduit le tout en masse.

Le plus grand avantage, à mon avis, qu’on peut retirer du houx commun, est pour les haies, surtout si on entrelace ses branches ainsi qu’il a été dit. (Voyez ce mot), Aucun homme, aucun animal n’osera la traverser. En l’élaguant chaque année, elle n’acquiert pas ce diamètre monstrueux qu’ont pour l’ordinaire les palissades en ce genre, & qui occupent en pure perte un grand espace de terrain. Le seul reproche qu’on puisse faire aux haies de houx, est celui de la lenteur de sa végétation ; mais une haie une fois établie, dédommage amplement par sa durée de l’attente & des soins qu’on lui a donnés. D’ailleurs, si on le désire, ces haies peuvent servir & de clôture excellente & d’agrément autour de l’habitation, puisqu’elles souffrent la tonte comme la charmille ; qu’elles sont toujours d’un beau vert, & de distance en distance on peut laisser monter des tiges, & arrondir leur tête comme celle de l’oranger. J’aime que tout ce qui environne l’habitation ait un air de propreté & d’ornement ; cela coûte si peu, & cela récrée si agréablement la vue.

Je connois peu de bois plus utiles que celui du houx pour les manches des outils d’agriculture. Avant de l’employer, il faut attendre que le bois soit bien sec : avec les pousses de cet arbre on fait les meilleures baguettes de fusil.

Le houx, soit en arbrisseau, soit élevé en arbre, figure très-bien dans les bosquets d’été & d’hiver. Cet arbre livré à lui-même, & nullement contrarié par les arbres du voisinage, se charge de branches presque depuis le bas jusqu’à son sommet, & on croit en le regardant, voir une colonne terminée par une pyramide.

IV. Des espèces. Von-Linné compte cinq espèces de houx ; les trois premières ont leurs fleurs divisées en quatre, & les fleurs des deux dernières sont divisées en trois ; la