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dans ces huiles les plus récentes que je venois d’extraire, le principe huileux primitif étoit uni dans les plus justes proportions avec le mucilage ; & si l’agrégation mixtive de ces deux substances si peu faites pour être combinées, ne seroit pas détruite par l’ébullition de cette huile grasse avec l’eau.

Le produit mobile a été un peu d’eau laiteuse, sur laquelle nageoit une petite portion d’huile éthérée, âcre & d’une causticité pareille à l’impression que fait la moutarde ; je n’ai observé d’autre différence entre l’huile éthérée de colza & celle de navette, sinon que la première en fournit un peu plus.

J’ai appelé ces huiles éthérées, d’autant qu’elles se vaporisaient avec l’eau bouillante, qu’elles se dissolvoient dans l’esprit de vin rectifié ; & qu’à la manière des huiles essentielles, cette dissolution blanchissoit l’eau lorsqu’on l’y mêloit ; & l’esprit de vin s’unissant à l’eau, abandonnoit l’huile dissoute qui surnageoit.

Chaque fois que j’ai distillé l’huile grasse & cuite restante dans l’alambic avec addition d’eau, chaque fois l’ébullition a ranci une portion du mucilage à l’eau bouillante, & il s’élevoit de l’huile éthérée suivant les mêmes proportions de la décomposition.

Cette huile mêlée à petite dose dans l’huile de choux & de navette, l’a rendu âcre, rance, & très-désagréable. J’avois déjà éprouvé, avec le même succès, le mélange d’autres huiles éthérées à des huiles grasses & douces : on les rancit presqu’aussi-bien dans le moment, que la vétusté pourroit le faire ; mais on ne leur donne pas le goût propre de l’huile, ce qui ne s’opère parfaitement que par l’huile éthérée de la même substance.

J’ai tiré de ces expériences l’axiome suivant : plus l’huile grasse de colza, de navette, &c. perd de son mucilage, plus elle devient forte & rance ; ce qui est la même chose, que plus on ajoute d’huile éthérée de ces graines à ces huiles grasses & récentes, plus on les rend rances & fortes : ce qui constitue, à priori & à posteriori, un genre de preuve inébranlable sur la cause de l’altération spontanée de ces huiles, cause qui ne provient que de la privation de leur mucilage, dont le lien d’union avec l’huile essentielle est détruit en partie, ainsi qu’il sera encore dit ci-après.

En découvrant cette vérité, j’avois perdu de vue le premier objet de ma recherche, qui étoit de savoir si dans ces huiles grasses les plus récentes, tirées sans l’action de la chaleur, si, dis-je, dans la graine même il y avoit naturellement une huile éthérée surabondante dans sa mixtion au mucilage : l’ébullition avec l’eau en ayant sans doute développé qui ne l’étoit pas, ou du moins plus qu’il n’y en avoit, puisqu’avec la patience j’aurois pu réduire beaucoup d’huile grasse en huile éthérée ; j’abandonnai cette voie d’analyse & j’appliquai à l’huile grasse, vierge & récente, mais retirée de la graine marchande, de l’esprit de vin rectifié & à froid. Je fis la même chose sur de la bonne huile d’olive récente.

L’esprit de vin a dissout si peu de chose dans l’huile d’olive, qu’à