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cage BB, formée de deux planches minces parallèles & horizontales DD.

Pendant combien d’heures doit durer la macération des graines ? Il est de la dernière impossibilité de la déterminer d’une manière fixe & positive ; la longueur de la macération dépend de la chaleur du jour où on la fait ; de l’année ou sèche ou pluvieuse, pendant la végétation de la plante ; de l’exposition du sol au midi, au levant, ou au nord, &c, & sur-tout de sa qualité. Si la graine reste trop long-temps dans sa lessive, elle y germera pour peu que la chaleur soit active, ou à l’extérieur, ou dans le lieu où l’on opère. Je me contente de dire que les deux extrêmes du temps est de 15 à 36 heures ; mais l’homme prudent, qui ne donne rien au hasard, prend quelques poignées de graines, & fait des expériences en petit. La graine germée ne donne plus d’huile, ou du moins la quantité & la qualité sont prodigieusement altérées.

Cette graine doit être ensuite lavée à plusieurs eaux, & mise de nouveau à macérer, pendant quelques heures, dans une légère dissolution d’alun faite à l’eau ; après cela, on fera très-exactement sécher ses graines, en les étendant sur des claies, ou sur un plancher très-propre & dans un lieu bien aéré, pour être portées dans le temps indiqué sous le pressoir. Si on négligeoit la lotion dans l’eau, l’huile que l’on extrairoit seroit très-douce au goût, mais elle sentiroit fortement l’odeur propre à la plante & à la graine dont on l’auroit retirée. Si la graine n’est pas bien sèche, lorsqu’on la portera-au pressoir, on retirera une espèce d’émulsion pâteuse, au lieu d’huile. Il vaut mieux opérer cette correction sur la graine fraîche, que sur celle déjà séchée ; elle prend mieux la lessive, & la macération est plutôt faite : d’ailleurs, on évite les détails d’une seconde dessiccation. Il est bien démontré que cette préparation ne diminue point la quantité de l’huile ; car les seules solutions alcalines très-concentrées, sont capables de la dissoudre.

Lorsque j’ai appliqué à l’huile même déjà extraite, cette dissolution de cendres & de chaux, je n’ai obtenu qu’une correction imparfaite ; l’huile est devenue très-douce à la vérité, sans aucune espèce d’âcreté, de causticité, de rancidité, mais l’odeur de la graine s’étoit fortement développée dans les différentes huiles employées aux expériences ; d’ailleurs, ces huiles agitées avec cette dissolution alcaline, & même étendues dans beaucoup d’eau, ont une si grande tendance à l’union savonneuse, qu’elles restent long-temps à s’en séparer ; la liqueur conserve la couleur & la consistance d’une émulsion, que l’addition même des acides ne décompose pas ; mais ils y changent singulièrement le goût : par exemple, l’huile de colza ou de navette, perd son goût, acquiert celui de l’huile de noix ; fait particulier, auquel je ne m’attendois pas. J’ai fait un grand nombre d’expériences ; les unes n’ont rien produit, & les autres m’ont donné des combinaisons qui n’ont aucun, rapport au sujet que je traite. Cependant je dirai que la macération des graines dans du vinaigre de vin, la digestion de ces huiles dans l’esprit de vin, dans un mélange