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L’hydrocéphale est une maladie incurable ; néanmoins on ne sauroit assez conseiller l’usage de certains remèdes qui ont quelquefois réussi ; je crois que les douches d’eaux thermales peuvent être de quelque utilité. On lit dans la Pratique de Boerhave, que Lantana a guéri des hydrocéphales par le moyen des bandages sur la tête, & les fomentations spiritueuses, sur-tout en excitant plusieurs évacuations révulsives par les cautères, les diurétiques & les purgatifs. Il rapporte la cure d’un enfant de six mois qui avoit la tête aussi grosse que celle d’un adulte, & qui fut guéri par les topiques spiritueux, les aromates & le sel de tartre. La ponction n’y convient point à cause du danger qu’il y a de piquer les méninges, d’ouvrir les ventricules du cerveau. M. Petit a observé que les malades chez qui elle avoit le mieux réussi, n’avoient pas vécu plus de quarante heures après ; il propose, & préfère à l’ouverture du crâne, qui ne réussit jamais, un bonnet de fer garni d’étoffes, pour qu’il ne blesse point, & qu’on puisse serrer à volonté, à proportion que la tête diminue de volume. Il conseille même d’y faire un trou dans lequel on adapteroit une canule qu’on déboucheroit de temps en temps pour donner issue à la quantité de liquide qui s’y seroit ramassée. On peut faire les scarifications en prenant bien garde de ne pas blesser le muscle crotaphite ; si elles ne réussissent pas, on appliquera une ou plusieurs couronnes de trépan, & on fera en même temps usage de topiques & de fortifians internes. M. AMI.


HYDROMEL. Breuvage fait avec le miel & l’eau. Dans cet état on l’appelle hydromel simple & vineux, lorsqu’il a subi la fermentation. (Voyez ce mot). Ce que j’ai dit dans cet article relativement au vin, s’applique à tous égards à l’hydromel, puisque sa base est le miel, substance mucilagineuse & sucrée, & de nature à éprouver seule la fermentation vineuse. Or, dès que l’eau & le miel ont fermenté ensemble, ils donnent un vin dans toute l’étendue du mot, duquel on peut retirer l’esprit de vin par la distillation, ou bien convertir ce vin en vinaigre, qui ressemblera assez bien à ceux faits avec les vins muscats & autres vins sirupeux.

Du choix du miel dépend la bonne qualité de l’hydromel ; il faut qu’il soit blanc, agréable au goût, sans mélange de farine dont on se sert souvent pour masquer la couleur jaune du vieux miel ; cette farine hâteroit sa fermentation acide. Le miel de Mahon ou de Narbonne est préférable à celui de tous les autres cantons.

On délaie, autant qu’il est possible, ce miel dans l’eau la plus pure. La proportion est, par exemple, de 20 livres de miel sur trente pintes d’eau ou 60 livres d’eau poids de marc. La coutume ordinaire est de jeter le tout dans une chaudière pour le faire bouillir, afin que le miel lâche les corps étrangers qui lui sont adhérens, & on a grand soin d’enlever avec une écumoire les impuretés qui surnagent la liqueur. Enfin, on continue ébullition jusqu’à ce que en y plongeant un œuf, il reste soutenu par la liqueur, ce qui suppose nécessairement qu’elle est réduite à un état sirupeux & concentré.