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abstenir. La précaution qu’il faut prendre en les administrant, est de les entremêler avec les apéritifs, & pour rendre leur action plus sure, le malade fera un exercice doux & modéré ; il évitera de trop fatiguer, afin de se mettre à l’abri de quelque accident fâcheux qui pourroit survenir.

Quand on n’a pas à craindre d’inflammation intérieure, que les malades sont d’une constitution grasse, peu vive & sensible, on peut alors employer des purgatifs forts, tels que la gomme-gutte combinée avec l’alcali de soude ou la manne. L’écorce moyenne de sureau, bouillie dans du lait, est un hydrologue fort vanté & très-usité en France. Lister guérissoit par des purgatifs très forts ; mais il faut aussi ne pas perdre de vue qu’ils causent la tuméfaction du bas-ventre, par les spasmes qu’ils procurent, ou par les flatuosités. Les préparations d’antimoine sont préférables ; elles excitent plus généralement les diverses excrétions de la nature, un développement plus constant & plus fébrile du pouls, qui cause souvent la résolution de l’hydropisie. On doit donner les diurétiques avec plus de confiance, parce qu’il est prouvé par beaucoup d’observations, que la nature affecte plus souvent la crise par l’évacuation spontanée des urines ; mais aussi on doit s’en abstenir lorsqu’ils affoiblissent & qu’ils n’évacuent pas assez promptement une quantité d’urine. Hippocrate a donne les cantharides à des dofes étonnantes ; Astruc recommande beaucoup la scille combinée avec le nitre. Le suc d’écrevisse est encore un diurétique excellent ; Vallerius le recommande beaucoup.

Le suc des plantes chicoracées & de pissenlit, combiné avec le sel de glauber & la terre foliée de tartre, est un remède qui peut être employé de bonne heure ; il produit ordinairement des effets très-salutaires : Je puis assurer qu’il ne m’a jamais trompé, & la crème de tartre, prise pendant un temps assez long, excite non-seulement les selles & les urines ; mais encore guérit. Je fais observer que les malades doivent la prendre à une dose assez forte : le défaut d’action de ce remède tient le plus souvent à la petite quantité qu’on en prend. Ball cité par Buchan, dit qu’une forte cuillerée de graine de moutarde non broyée, prise soir & matin, & par-dessus six onces de décoction de genêt vert, a guéri une hydropisie contre laquelle les remèdes les plus puissans avoient échoué.

Les onctions d’huile sur le bas ventre agissent aussi par les selles & les urines ; mais il faut s’en abstenir lorsque le ventre est érésypélateux & dans un état de phlogose, ou qu’il est tendu & tuméfié, & qu’il y a difficulté de respirer. L’huile, en bouchant les pores de la peau, augmente l’hydropisie. Merly, médecin italien, veut qu’on frotte tout le corps d’un hydropique avec des huileux, devant un feu doux ; qu’on le mette ensuite dans un lit chaud, & qu’on le couvre avec des flanelles. Ces onctions produisent de bons effets ; il survient un prurit & un léger mouvement fébrile qui est suivi d’évacuations abondantes par les sueurs & les urines.

Les diurétiques les plus forts sont les baumes du Pérou, du Canada, de l’Eucatelli ; les cloportes dont on