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dentés jusqu’à la moitié de leur longueur, tandis que dans l’autre moitié ils représentent un couteau de chaleur opposé dans chaque rang, & répondant à la moitié dentée de l’autre. Communément l’ouvrier forme les rangs droits sur leurs bords supérieurs & inférieurs ; ces rangs formés droits, il en taille en dents la moitié, mais soit par ignorance, soit par paresse ou par intérêt, il s’épargne le temps & la peine de ravaler le tranchant, & dès lors l’appui du couteau sur le poil s’oppose à ce que les dents parviennent à la peau. Je conviens qu’un ouvrier plus intelligent, ou de meilleure foi peut, en ravalant les tranchans, obvier à cette défectuosité. Cette pratique néanmoins ne m’offre aucune raison de préférence sur la méthode que je conseille ; car elle sera toujours plus compliquée, & d’ailleurs l’expérience démontre qu’un couteau de chaleur coupant toute la longueur de l’étrille, n’est pas moins efficace que les six moitiés qui entrent dans cette dernière construction.

Au surplus & à l’égard des ouvriers qui blanchissent à la lime le dos du coffre, nous dirons que ce soin est assez déplacé relativement à un semblable instrument, & nous ajouterons encore qu’il peut apporter un obstacle à sa durée, l’impression de la forge dont ils dépouillent le fer en le limant, étant un vernis utile qui l’auroit long-temps défendu des atteintes de la rouille.

Quant au pansement de la main, la première attention du palefrenier, du muletier, &c. en se levant, ou en entrant le matin dans l’écurie, doit être d’attacher à un des fuseaux du râtelier une des doubles longes du licol. C’est ce que plusieurs d’entr’eux ne pratiquent jamais, aussi trouve-t-on très-souvent leurs chevaux, leurs mulets, couchés, étendus sur le pavé & mangeant leur litière ; à l’égard des animaux malades, cette précaution seroit déplacée. Ils doivent ensuite faire net, ou nettoyer les auges avec un bouchon de paille, & distribuer l’avoine ou le son, selon qu’il est ordonné. Quand on n’auroit rien à présenter aux animaux, on ne fera pas moins net devant eux. L’odeur que contracte l’auge par le séjour des alimens en partie mâchés, & laissés par les animaux, étant capable de les jeter dans le dégoût ; aussi cette action doit-elle être répétée plusieurs fois dans le jour.

Aussitôt après que ces animaux ont mangé ce qu’on leur a donné, on remue la litière avec une fourche de bois & non de fer ; il seroit très prudent-d’interdire aux palefreniers & aux muletiers celle-ci ; quand elle se trouve sous leurs mains, ils s’en servent préférablement à la première, aux risques de blesser très-dangereusement les animaux. Ils relèveront proprement la litière sous l’auge, observant de séparer & de mettre à l’écart la partie de cette même litière qui se trouve pourrie ou gâtée par la fiente & par l’urine ; après quoi, ils nettoyeront à fond avec le balai de bouleau, la place des animaux.

Quoiqu’on relève rarement la litière aux animaux malades, il est bon d’en ôter ce qui est corrompu & mouillé & de balayer en dessous, sauf à faire une litière en partie fraîche, & le tout pour rendre