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toujours plus saine la place qu’ils occupent.

Avant de procéder au pansement, il faut mettre le cheval ou le mulet au filet, ou ce qui vaut mieux encore, au mastigadour, que l’on garnit de temps en temps d’un nouet d’assa fœtida. Cette espèce de masticatoire ou d’apophlegmatisant prévient toute inappétence, il réveille la sensation de la faim, & procure souvent une utile révulsion.

Lorsqu’on peut faire sortir l’animal de sa place & le fixer en arrière, en attachant les longes du filet ou du mastigadour aux piliers qui la limitent, on ne doit pas chercher à s’en dispenser ; en pansant des animaux à leur place, la poussière de l’un vole sur l’autre.

Si la saison & le temps sont beaux, on les conduit hors de l’écurie, ou on les attache par ces mêmes longes à des anneaux de fer scellés dans le mur pour cet usage.

De la manière de se servir de l’étrille, & de l’effet que cet instrument produit. 1°. Le palefrenier ou le muletier, armé de l’étrille qu’il tient dans sa main droite, de manière que son petit doigt est tourné du côté du corps ou du coffre de cet instrument, & que son pouce se trouve étendu sur l’extrémité du manche & près de la rivure de la soie dont ce manche est enfilé, saisit la queue du cheval ou du mulet avec la main gauche. Il passe l’étrille sur le milieu & sur le côté de la croupe, à rebrousse-poils, en allant & revenant pendant un certain espace de temps avec vitesse & avec légèreté sur toutes les parties de ce même côté qu’il parcourt d’abord ainsi en remontant jusqu’à l’oreille.

On doit ménager toutes celles qui sont douées d’une trop grande sensibilité, ainsi que celles qui sont occupées par les racines des crins. On ne porte par conséquent jamais l’étrille ni sur le tronçon de la queue, ni sur les parties tranchantes de l’encolure, ni sur l’épine, ni sur le fourreau ; on la passe plus légèrement sur les jambes qu’ailleurs. Du reste, il importe que le palefrenier ou le muletier, dans cette action, meuve son bras avec aisance, le déploie & embrasse à chaque coup une certaine étendue du corps.

2°. L’effet de cet instrument étant de détacher la crasse résultante de l’évaporation dont nous avons parlé dans l’article Gale, plusieurs coups donnés suffisent pour en enlever une certaine quantité plus ou moins considérable. C’est aussi pour dégager les rangs ou le fond du coffre de l’étrille de celles dont on les voit chargés, que le palefrenier ou le muletier doit frapper de l’un des marteaux de son instrument de temps en temps sur le pavé, contre le mur, ou contre les piliers ; il doit même souffler fortement entre les rangs, pour les nettoyer plus exactement.

Le cheval ou le mulet suffisamment étrillé sur le côté droit, on procédera au pansement de la partie gauche. Il s’agit alors de changer l’étrille de main & de se saisir de la queue avec la droite ; d’où l’on doit conclure qu’un bon palefrenier & un bon muletier doit-être ambidextre, c’est-à-dire, qu’il doit avoir une même & une égale liberté dans les deux bras. Il pratiquera sur cette face du corps de l’animal, ce qu’il a pratiqué sur l’autre.

De l’époussette. À l’étrille succède