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On fait le poil aux jambes trop garnies de poils, avec des cisailles ou pinces à poil. On l’arrache en l’étageant de manière qu’il ne paroisse pas qu’on en ait ôté.

Toutes les fois que les animaux viennent de l’eau, on doit la leur avaler des quatre jambes avec les deux mains ; toutes les fois qu’ils rentrent, on doit les nettoyer de la boue dont elles sont chargées, avec l’éponge & la brosse longue, ou le balai ; les maîtres ne sauroient trop recommander cette pratique à leurs cochers, sur-tout dans les grandes villes, dont la boue est toujours épaisse, noire & très-caustique. On doit y faire aussi usage des bains de rivière, qui sont très-capables de fortifier les membres. Quant à l’habitude où l’on est de faire passer les chevaux à l’eau après les avoir courus & mis en nage, elle seroit certainement très-préjudiciable si on les y tenoit long-temps, & si on n’en prévenoit les suites funestes, d’une part, eu exigeant d’eux une allure très-prompte & très-pressée dans leur retour à l’écurie ; & de l’autre, en leur abattant l’eau avec le couteau de chaleur, & en les bouchonnant fortement ensuite, toute action précipitée hâtant le mouvement du sang, & l’espèce de friction qui résulte du bouchonnement, ne pouvant qu’ouvrir les pores resserrés par l’astriction de l’eau, augmenter la chaleur de la peau, & y rétablir l’évaporation nécessaire.

Enfin, tous les soirs on repassera dans l’anneau de la mangeoire la longe du licol qu’on a attaché le matin aux fuseaux du râtelier, afin que les chevaux puissent se coucher. On mettra une couche de paille fraîche sur l’ancienne lisière, & on ne fera jamais cette lisière trop en arrière ; elle n’y est que trop rejetée par le cheval ainsi que par le mulet, &c. ; il ne faut pas qu’elle outre-passe la pince des pieds de derrière. M. BR.


IPÉCACUANHA. Von Linné la nomme Viola ipecacuanha. Syn. Pl. édit Reych. t. 3 p. 970. On n’emploie que la racine de cette plante qui croît dans les forêts humides de l’Amérique méridionale, d’où on nous l’apporte : il y en a de brune & de grise. C’est aujourd’hui le seul émétique tiré du règne végétal, dont on fasse usage.

La racine est noueuse, inodore, d’une saveur âcre, nauséabonde ; son écorce est très-épaisse. Cette racine procure le vomissement, augmente quelquefois les secrétions de la matière fécale, suspend la diarrhée par foiblesse d’estomac, ou des intestins, la diarrhée bilieuse, la diarrhée séreuse, la diarrhée par la mauvaise qualité des alimens ; favorise la guérison de la diarrhée bénigne, & de la dyssenterie des camps, & de plusieurs espèces de dyssenteries épidémiques. C’est le plus sûr & le plus avantageux de tous les vomitifs dans la plupart des maladies ou il est essentiel d’exciter le vomissement. Il ne survient après son effet, ni anxiété, ni douleur dans la région épigastrique, ni diminution sensible des forces vitales & musculaires, ni mouvement convulsif.

On donne la racine pulvérisée depuis dix jusqu’à trente-cinq grains, délayée dans un véhicule aqueux, ou incorporée avec un sirop convenable : on la donne comme altérant,