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procurer du terreau propre aux jacinthes, on doit y employer une terre de potager qui n’ait de longtemps servi à ces fleurs.

En Hollande, on mêle ensemble deux parties de sable gris, ou fauve noirâtre, trois parties de fumier de vache, & une partie de feuilles ou tan consommés. On préfère le fumier frais à celui d’un an, parce qu’il se consomme plus vîte, & se marie mieux. On fait le monceau le plus mince que l’on peut, relativement à la place, afin que le soleil ait plus de facilité à le pénétrer. Les matières y sont rangées par lits. Pendant les six premiers mois, on ne remue ce mélange qu’autant qu’il faut pour ôter les mauvaises herbes encore jeunes ; après quoi on le retourne de six en six semaines. Sa préparation ne dure pour l’ordinaire qu’un an ; on peut travailler le tout pendant une seconde année pour le perfectionner ; mais un plus long temps l’affoibliroit. On ne l’emploie à nourrir les jacinthes qu’un an. Lorsqu’on tire à la fin de l’année les oignons que l’on y a mis, on défait cette espèce de couche pour en exposer la terre au soleil & la remuer ; elle est ensuite en état de servir aux tulipes, renoncules, anémones, oreilles d’ours, &c. ; on n’en fait pas usage pour les œillets, parce que l’expérience a prouvé que la jacinthe communique à cette terre une qualité qui leur est contraire.

L’endroit que l’on destine aux jacinthes, doit être bien aéré, élevé, & seulement assez sec pour que les eaux n’y séjournent pas en hiver. Comme on n’est point dans l’usage d’arroser ces plantes, il faut que les oignons trouvent à leur portée en tout temps, certain degré d’humidité, mais une eau stagnante leur est pernicieuse.

( Ce précepte de ne point arroser, est bon pour la Hollande, où le ciel est très-vaporeux & humide, sur-tout pendant la saison où l’oignon est en terre. Il seroit dangereux de s’y conformer dans un climat plus sec & plus serein » Les arrosemens sont nécessaires, mais ils doivent être modérés, parce que toutes les plantes grasses & les plantes à oignons craignent l’humidité par-dessus tout).

L’exposition du levant donne le soleil aux jacinthes moins directement que celui du midi, qui les défend du vent du nord & d’est. La plupart des fleuristes préfèrent le midi ; mais alors il faut avoir un bâtiment ou une haie pour briser le vent de ce côté, qui alongeant la fane diminueroit la beauté de la pyramide, & en même temps pour affoiblir l’action du soleil, & empêcher ainsi la fleur de passer trop vîte.

La jacinthe se multiplie de graine ou par ses cayeux ; pour la multiplier par ses semences, le plus sûr est de prendre de la graine des simples, & à cet effet en semer quantité d’espèces ; en même-temps que l’on cultivera un grand nombre d’oignons de chacune de celles qui promettront davantage. Plus on a de semences plus on se procure de hasards ; c’est aux espèces simples qu’on est redevable de presque toutes les jacinthes qui jouissent d’un grand nom. (Voyez au mot Espèce leS moyens de les perfectionner). Quoique les doubles donnent quelquefois des grains, elles produisent fort