d’une plume d’oie, & longue d’environ deux pieds, l’enfoncer à une profondeur suffisante pour lui donner du soutien, aussi près de la tige qu’on le peut, sans entamer, ou du moins sans offenser l’oignon, puis lier à volonté la tige & la baguette avec du fil vert, ou encore mieux avec de la laine verte, que l’on noue un peu lâche, au-dessus de la plus basse fleur ; il faut que la tige puisse simplement flotter au gré du vent ; c’est pourquoi un nœud commun à la baguette & à elle, vaut mieux que si l’on nouoit d’abord l’une, puis l’autre, vu que d’ailleurs le fil ou la laine doit avoir l’aisance d’être soulevé par la fleur à mesure que la tige grandit.
Pour conserver la couleur des belles espèces hâtives où le rouge domine en dedans, soit seul, soit avec le blanc, qui s’épanouissent quelquefois de très-bonne heure, on leur donne à chacune un parasol en forme de demi-bonnet, fait de bois léger ou de fer blanc, & supporté par un bâton fiché en terre. L’ardeur du soleil, dans son midi, rendroit tout d’un coup leur couleur pâle, & feroit passer les fleurs bien plus vite. Quand la plupart des autres jacinthes de la planche sont en fleur, on substitue à ces parasols particuliers un parasol général fait de toile, qui demeure toujours tendu en pente au-dessus de la planche, & soutenu par des pieux de bois léger, à une hauteur convenable, pour qu’on puisse se tenir debout commodément dans les sentiers. Il est à propos que cette toile puisse aller & venir au moyen d’un ressort comme celui des stores : car, indépendamment qu’il ne faut pas priver les jacinthes de la rosée, c’est une satisfaction que de voir d’un coup-d’œil toute la planche découverte dans une belle matinée, ou le soir quand il fait beau. La toile doit être tendue toutes les fois que le soleil donne sur la planche, quand il pleut, ou lorsque la nuit est trop fraîche. On la supprime dès que la plus grande partie des fleurs commence à se passer, attendu que les oignons ont besoin de la chaleur du soleil pour profiter.
La manière de lever les oignons est importante ; le temps de le faire est lorsque la fane est presque jaune & sèche. M. Van-Zompel rejette le scrupule de ceux qui prétendent que chaque oignon doit être sorti de terre à ce point, parce que ce seroit nuire à ceux qu’on laisse en terre. Il aime mieux les laisser en terre, quoique leur fane soit entièrement sèche, jusqu’à ce que toute la planche puisse être levée ensemble. Il trouve beaucoup d’inconvénient à se trop presser de les tirer de terre.
On doit avoir la précaution de ne point offenser l’oignon : ayant séparé la fane qui se détache sans peine, on lève l’oignon avec ses racines, sans en ôter les cayeux ni la terre qui peut y tenir. On enlève toutes les enveloppes chancreuses ; si quelques oignons sont altérés, on les nettoie jusqu’au vif ; on met chacun dans une case étiquetée qui fait partie d’une grande layette, distribuée exactement comme la planche. Cette layette est ensuite déposée sur une table, dans une chambre sèche & bien éclairée, dont on ouvre les fenêtres quand l’air est pur & serein, & que l’on ferme soigneusement avant la