Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/781

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certaines & fréquentes ; il en est cependant quelques autres d’une nature différente, & qui produisent des sensations de froid très-marquées & souvent très-vives, sans qu’il y ait aucune diminution d’agitation dans les solides & les fluides ; au contraire, même souvent avec des mouvemens violens dans les principaux organes de la circulation du sang, du cours des humeurs avec toutes les dispositions nécessaires pour la conservation de leur fluidité. Il arrive alors quelquefois, que les parties supérieures du corps sont brûlantes, tandis que les inférieures sont glacées ; qu’un côté du corps est refroidi, pendant que l’on sent beaucoup d’ardeur dans le côté opposé ; qu’on éprouve une espèce d’air froid se répandant sur un membre, comme par un mouvement progressif, tandis que l’on est fatigué de bouffées de chaleur, qu’il se fait des transports d’humeurs, des engorgemens dans d’autres parties avec les symptômes les plus violens. On ne peut attribuer la cause de semblables phénomènes, qu’à l’action des nerfs, qui, par l’effet d’un cours irrégulier des esprits animaux, sont tendus & resserrent les vaisseaux dans quelques parties. Les humeurs, devenues surabondantes par la construction des vaisseaux, sont comme repoussées dans d’autres parties qui n’opposent point de résistance extraordinaire où elles sont portées avec beaucoup d’agitation ; tandis que leur course est presqu’arrêtée dans les vaisseaux resserrés. Il s’établit alors dans ceux-ci, une disposition telle qu’elle peut être produite par le froid externe, & faire éprouver à l’ame une sensation absolument analogue.

C’est encore à l’action des nerfs resserrans plus ou moins les vaisseaux capillaires, & occasionnant par conséquent une distribution irrégulière du fluide nerveux dans toute l’habitude du corps & dans les organes du mouvement, qu’il faut attribuer ce froid subit répandu par tout le corps, avec pâleur, frisson, tremblement dans les membres, sueur froide &c., qui saisissent quelquefois tout d’un coup des personnes qui ont toute leur chaleur naturelle, comme il arrive dans les violentes passions de l’ame.

§. III. Effets du froid sur l’Économie animale. Tant que le froid atmosphérique n’est pas bien considérable, il ne fait éprouver au corps qu’une sensation légère de constriction & de resserrement dans les parties affectées ; mais si le froid augmente au point que cette constriction puisse former résistance au cours des fluides, il s’ensuit des effets très-nuisibles à l’exercice des fonctions nécessaires à la santé, & même quelquefois à la vie. Le cours des humeurs est d’abord considérablement ralenti, & s’arrête même totalement dans les parties les plus exposées à l’impression du froid, & dans lesquelles la force impulsive est plus affoiblie à cause de l’éloignement du cœur : ainsi la surface du corps en général, & particulièrement les extrémités, les pieds, les mains, le nez, les oreilles, les lèvres, sont les parties les plus susceptibles d’être affectées par le froid. La peau se fronce, se resserre sur les parties qu’elle enveloppe immédiatement ; elle comprime de tous côtés les bulbes des poils ; elle rend ainsi ces bulbes saillantes ; elle reste soulevée