Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/127

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pagné de mauvais effets, excepté chez les malades dont la poitrine est délicate ou disposée à cracher du sang. Après avoir fait vomir, il laisse pour l’ordinaire un mal-aise universel, une anxiété qui ne tarde pas à se dissiper si le sujet est robuste… À haute dose, il produit de violens efforts pour vomir, il purge considérablement, cause un vomissement excessif, des maux de cœur, des coliques, des convulsions, un froid presque général, & quelquefois la mort.

On le prescrit comme altérant depuis un quart de grain jusqu’à un grain, délayé dans un véhicule aqueux, ou incorporé avec un sirop ; comme vomitif, depuis deux grains jusqu’à six.


KILOOGG ou KLIYOOGG. J’ai fait connoître la société utile des Bousbots, & la juridiction qu’ils exercent en Franche-Comté ; il est juste que je paie ici le tribut de louange dû au mérite de Jacques Gouyer, natif de Wermetschwel, dans la paroisse d’Uster en Suisse, plus connu sous le nom de Kliyoogg, qui veut dire Petit-Jacques, que sous son nom propre. Pour le peindre en deux mots, sa morale & sa conduite lui ont mérité le nom de Socrate Rustique. Je dois au zèle empressé de M. le chevalier de Bourg, le précis suivant de sa vie & de ses maximes, & je ne crains pas de proposer ce Socrate moderne pour modèle à tous les cultivateurs : heureux si je pouvois lui ressembler en tous les points.

Vie du Socrate.

Pour l’avantage de l’agriculture, l’on se jette avec trop d’ardeur dans les nouveautés, & avant d’avoir appris à bien connoître les méthodes anciennes ; les uns croient avoir atteint au but, lorsqu’ils ont fait connoître aux cultivateurs, des plantes & des graines d’une espèce nouvelle ; d’autres, lorsqu’ils ont proposé des instrumens de labourage d’une invention récente, ou une autre manière de labourer, &c. Je pense au contraire qu’il faudroit, avant tout, commencer à connoître parfaitement la nature du fonds, les moyens mis en usage par les plus laborieux & les plus industrieux économes du pays, & alors sans préjugés & sans entêtement pour la nouveauté, se décider en faveur du plus utile, &c. Enfin, il seroit à désirer de trouver un moyen d’exciter une noble émulation parmi les habitans de la campagne.

Ce seroit, selon moi, la voie la plus facile pour ramener les beaux jours de l’agriculture : le génie le plus borné peut suivre l’exemple, sans qu’aucun obstacle l’arrête, tandis que les difficultés se présentent en foule lorsqu’il s’agit d’inventions nouvelles. Les uns croiroient en les adoptant, insulter à la mémoire de leurs ancêtres, en ne suivant pas en tous points leur exemple ; d’autres conviendront que ces inventions peuvent être bonnes pour certains pays, mais ne conviennent pas du tout à la nature du nôtre ; d’autres enfin, objecteront que toutes ces méthodes ont des avantages à certains égards ; mais que leur supériorité, sur la méthode ordinaire, est si équivoque, qu’on peut les regarder au moins comme inutiles.

Au lieu qu’en proposant la manière dont ces économes laborieux cultivent leurs champs, chacun pourra se convaincre de son utilité par le