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Toutes les espèces de la Provence se réduisent à six branches principales, qu’on retrouve sans sortir des territoires de Cuers & de Saint-Maximin.

La première comprend les moutons du pays qui ont vingt-sept pouces, & ont un corsage bien proportionné ; la laine en est fine par comparaison avec celle des autres branches… Les raigues & les bigourets appartiennent plus particulièrement au Dauphine, & viennent ensuite… Les ravats de Piémont tiennent le quatrième rang, la chair en est peu délicate & la laine en est grossière… Les motys, autre race du Piémont, & les canins d’Auvergne sont seulement reçus dans les années ingrates ; il est défendu d’en acheter & d’en faire passer dans la province en tout autre temps. Le moty a le corps gros, le nez crochu & la tête semblable à celle du cheval d’Espagne, il s’en trouve dans le nombre qui ont de belles toisons. Les canins d’Auvergne tirent ce nom de leur corps bas & court.

On remarque parmi les troupeaux qui garnissent les territoires des environs de Vence, une race de moutons farouches qu’on nommesublaire ; ils portent des toisons noires, s’engraissent naturellement, & pèsent alors trente-cinq à quarante livres.

Les moutons du Dauphine se réduisent à trois races principales, la bayanne, la raigues & les ravats. La première ressemble beaucoup à celle du Barrois, de Champagne & du Berry ; on la croit originaire d’Espagne. Autrefois elle fournissoit une laine aussi belle, aussi fine, aussi courte que celle de prime de Ségovie ; la race s’est abâtardie en faisant les remplacemens du Vivarais.

Les raigues habitent l’étendue du pays au midi de Valence ; leur laine, plus longue & plus propre au peigne que celle du mouton de Bayanne, approche assez des qualités de Hollande & d’Angleterre ; les toisons pèsent en suint de sept à neuf livres, & se vendent à raison de sept sols la livre. Les. remplacemens se tirent de la foire d’Arles.

Les ravats donnent huit livres de laine en suint, & habitent les montagnes du Briançonnois. Le mouton bigouret est un diminutif des espèces précédentes.

IV. L’Auvergne est de tous les pays le plus commode & le mieux pourvu : les élèves qu’on y fait ne lui suffisent pas. Elle tire du Quercy & du Rouergue des moutons grands & moyens, qui sont distribués dans ceux de ses pâturages qui demeureroient vacans sans ce surcroît. La première est la haute Auvergne & très-montueuse ; la seconde la basse ou plaine de Limagne. On donne le nom de mi-côte à plusieurs territoires mitoyens qui participent de la montagne & de la plaine.

On nourrit dans cette province trois races principales, celle du Quercy & des moutons de Sagala, canton du bas Rouergue. Le mélange des espèces donne beaucoup de métis, provenant des trois races croisées.

Le mouton d’Auvergne, proprement dit, est long de trente pouces, & du poids de trente livres, gras & vuidé ; il vit dans la plaine, & cède à celui du Quercy qui est plus gros & plus fort, étant élevé dans les pâturages abondans de la montagne. Il a la corne petite, le nez uni & plat.