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Le dixième des toisons est à laine noire ou brune ; le mouton de la plaine vit moins que celui de la montagne, & sa chair n’a pas aussi bon goût.

On distingue trois sortes de pâturages, ceux de la montagne, qui sont plus nourrissans, ceux de la plaine & des terres en chaume, ceux de la mi-côte qui poussent des bruyères & des herbes courtes. Le mouton de la plaine profite à la montagne, lorsqu’on l’y conduit, ce qui arrive rarement, & celui de la montagne dépérit dans la plaine. Les pâturages des mi-côtes sont réputés les meilleurs ; le sel est regardé comme très salutaire à la montagne & nuisible dans la plaine.

V. Le Quercy & le Rouergue. Leurs moutons sont longs de trois pieds, gros & râblés, à laines grossières, à cornes longues & aplaties ; celui de Causse, de race moyenne, est estimé. Près de Rhodés, le mouton a la laine plus courre & plus soyeuse ; il est alongé, menu de corps & bien pris dans sa taille ; on en voit peu dont la tête soit chargée de cornes ; tous ont le front garni d’un toupet de laine.

La branche de Sagala diffère peu de celle de la Limagne en longueur & en poids ; la laine en est un peu plus fine.

Le nombre des élèves que l’on fait tous les ans dans ces deux provinces est fort grand ; si on vouloit les conserver tous dans le pays, on ne pourroit les nourrir : on les fait passer ailleurs par peuplades, & sur-tout pour les boucheries de Paris.

Ces troupeaux sont nourris dans les pâturages des particuliers du pays, & dans les communaux ; quelques-uns y restent pendant toute l’année, & les autres gagnent les montagnes d’Auvergne pendant l’été. Il y monte annuellement plus de vingt mille bêtes des divers cantons du Quercy, & près de trente mille du Languedoc & du Rouergue.

On règle l’usage du sel dans ces montagnes sur les raisons qui déterminent à y conduire ; les troupeaux qui n’y demeurent que cinq à six semaines pour se rafraîchir, en sont privés.

VI. Béarn, Bigorre, Gascogne, Guyenne & Périgord. Les landes, qui tiennent au Béarn d’un côté, & à la Guyenne de l’autre, offrent une variété singulière de pâturages, suivant la qualité du sol. Les landes arides sont inutiles aux troupeaux, mais sur les autres les troupeaux y paissent pendant toute l’année.

En Béarn on distingue trois sortes de pâturages, ceux de la montagne ou des Pyrénées, ceux de la plaine & ceux des landes.

Le Bigorre, situé au pied des Pyrénées comme le Béarn, a les mêmes pâturages, de même que l’Armagnac, le Condomois & le Bazadois qui confinent à la Guyenne.

Les pâturages de la Guyenne consistent en bords de rivières, en champs en partie cultivés, en partie vacans, & en quelques cantons de landes.

Il y a une parfaite conformité entre le corsage & la qualité des toisons du mouton de rivière en Guyenne, & ceux de la grande branche du Quercy, du Gévaudan & des Pyrénées, tant pour le Béarn que pour le Bigorre ; les moyennes & les petites branches de la lande & des plaines, se rapprochent, à quelques différences près. Feu M. d’Etigny, inten-