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dant de Béarn, ayant remarqué l’analogie entre les pâturages du Béarn & ceux d’Espagne, se détermina à faire l’acquisition de plusieurs béliers à toison fine, qu’il tira de l’Estremadure ; il les accoupla avec des brebis béarnaises, plus fortes de corsage, mais inférieures en qualité de laine : ces brebis lui donnèrent des agneaux qui participoient de la taille du père & de la mère, & qui étoient couverts d’une laine peu inférieure à celle des étalons étrangers.

VII. La Marche & le Limosin. La première province est peuplée de bêtes à laine, originaires des Bois-Chaux, de Brenne en Berry, & de la petite espèce du Bourbonnois. Nous renvoyons à ce qui sera dit ci-après de ces races. On y voit aussi, par cantons, de la grande race du Limosin & de l’Auvergne.

La seconde est du petit nombre des pays où les pâturages ne reçoivent pas autant de bêtes qu’on pourroit en élever. La grande & la moyenne branche du Limosin, ne diffèrent pas de celle d’Auvergne. La petite, qui est aussi la plus fine pour la toison, tient beaucoup de celle de Caussé en Rouergue. On assure même que dans le nombre des toisons abattues à la tonte, il s’en trouve de comparables à celles d’Espagne, qui étant employées en bonneterie ; donnent des ouvrages qui vont de pair avec les bonnets & les bas de Ségovie. Il est rare qu’on souffre des bêtes à toison noire dans les troupeaux de cette dernière espèce. On les rélègue dans les vallées.

Les territoires du Limosin diffèrent de ceux d’Auvergne, en ce que la petite espèce à toison fine, pâture sur les montagnes, au lieu que les bêtes à laine grossière & à grand corsage, cherchent la nourriture dans les vallons & dans les pays plats.

Abandonnons les pays montueux de France, pour envisager le pays plat, c’est-à-dire, la France septentrionale.

VIII. Le Poitou. C’est de cette province qu’on tire tous les ans des troupeaux considérables pour repeupler, améliorer & renouveller les troupeaux des cantons d’alentour. Le pays est partagé en vignobles & en pays de Castine, qui comprend les terres cultivées, & les friches, sur-tout du côté de la Bretagne & de la mer. Les pâturages du bas Poitou valent mieux que ceux du reste de la province. Plusieurs territoires de l’Élection de Thouars, fournissent des pâturages variés, sains & abondans : on réserve les meilleurs pour les haras. Le Poitou a ses landes, & elles forment en quelque sorte la jonction des brandes du Berry & des friches de Guyenne.

Les bêtes à laine ont dans le Poitou une espèce de patrimoine & de pays héréditaire : elles sont en plus grand nombre, & réussissent mieux qu’ailleurs, dans toute la plaine qui s’étend de Niort à Fontenay, & de Fontenay à Luçon.

On distingue les moutons de Poitou par les noms génériques des territoires qu’ils occupent. On en fait deux classes, dont l’une comprend les moutons de plaine, & l’autre les moutons de marais. Ceux-ci, plus gros & plus forts, pèsent gras, de soixante à quatre-vingts livres, & les premiers de quarante-cinq à cinquante livres au plus. La longueur des moutons de marais excède de quelques pouces la longueur de trois pieds ; celle