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sieurs petites rivières. La haute Alsace est remplie de montagnes le terrein entre l’Ill & le Rhin est bas, très-humide & souvent inondé, il ne convient point aux moutons ; le centre de la province fournit pour leur nourriture des jachères, des communes & des bois. Ce n’est pas l’usage en Alsace de conduire les bêtes à laine sur les plattes formes des montagnes, ces lieux sont réservés au gros bétail. En Alsace comme en Dauphine, l’élévation des montagnes n’est pas uniforme, il y en a de très-hautes, dont la surface est couverte d’une grande étendue de gras pâturages, qu’on abandonne à l’engrais des bœufs & des vaches pendant huit mois de l’année, depuis la fonte des neiges jusqu’à ce qu’elles recommencent. Les bergers ont la liberté de faire pâturer leurs ouailles sur les monticules & sur les coteaux.

Les pâturages propres à ce bétail sont aussi fort communs dans la partie occidentale de la basse Alsace ; ils consistent en herbes qui croissent sur des hauteurs, sur des landes & dans des terreins plus sablonneux que gras.

Il suit de cette exposition, qu’à partir de la Bresse, on retrouve partout successivement les mêmes aspects, les mêmes expositions, les mêmes natures de terrein, & par conséquent les mêmes facilités de pourvoir aux besoins des troupeaux.

On vient d’observer que toutes les espèces de bêtes à laine du pays, contenues entre le Dauphiné, le Rhin & l’Allemagne d’une part, la Champagne de l’autre, se partagent en moutons de Faux, auxquels les grandes branches de Champagne & d’Allemagne se rapportent ; en moutons Barrois & en moutons de Sologne. Il ne faut pas en conclure, que tout ce qui existe de bêtes à laine dans ces quartiers, soit habituellement renouvellé par des essaims du dehors ; il n’y a pas de cantons où on ne fasse des élèves, pour peu qu’on ait des pâturages & des fourrages ; mais au défaut d’un nombre suffisant de bêtes indigènes, c’est une coutume fondée sur l’économie, d’avoir recours à des espèces homogènes des autres pays. Ces trois races sont celles qui y réussissent le mieux ; elles engendrent des métis, tels que les moutons d’Auxois, qui est une branche dont les individus ont de vingt-sept à trente pouces, tenant de celle du Berry & de la Sologne par la toison, & dont on estime la chair autant que celle du mouton de Sologne.

La Bresse nourrit une grande quantité de bêtes à laine, & principalement dans le Bugey, du côté de Nantua ; on en compte jusqu’à cinq à six mille dans le seul territoire de Valbonne. La plupart des bêtes sont longues de vingt-sept à trente-trois pouces, elles ont la tête garnie de cornes en volutes, & sont une race moyenne de Faux, partie blanche, & partie noire ou brune.

Le mouron originaire de Berry fait race dans le Bourbonnois.

La petite espèce, connue en Champagne sous le nom de mouton Bourguignon, n’est autre chose que le mouton du Bourbonnois.

La race dominante dans le Nivernois est plus haute de corsage, & a beaucoup de ressemblance avec la grande branche du Gâtinois & du Limosin.

Le mouton d’Auxois doit être regardé comme la race principale de la Franche-Comté & de la Bour-