Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les laines de Champagne, telles qu’on les récolte sur les lieux, sont de médiocre qualité, molles & creuses. Les toisons fines & courtes qui se trouvent dans le nombre, proviennent des moutons de la Bourgogne & du Bourbonnois, qui ne sont, à proprement parler, que des races d’emprunt. La laine de Brie est préférable à celle de Champagne.

XV. Bresse, Franche-Comté, Bourgogne, Bourbonnois, Lorraine & Alsace.

Bresse & Bugey. La première est divisée en deux parties par la rivière qui se jette dans le Rhône. La moitié, située du côté de la Saône, retient le nom de Bresse, & l’autre qui regarde la Savoie, prend le nom de Bugey. La Bresse est un pays uni & fertile en pâturages. Le Bugey est montueux, & les habitans tirent plus de profit de leurs pâturages, que de leurs récoltes, quoique celles-ci y suffisent aux besoins de la vie. La vraie richesse y consiste dans les troupeaux. Ils passent l’hiver dans la plaine & l’été à la montagne. Cette transmigration n’est pas occasionnée par l’excès des chaleurs, comme en Provence & en Roussillon : ce sont les pâturages qui invitent à la faire. Le départ de la plaine pour aller à la montagne se fait ordinairement vers le temps de Pâque, & le retour a lieu vers la fin de Septembre.

Bourgogne & Franche-Comte. La première estampillée le Duché, & la seconde le Comté de Bourgogne. On remarque dans l’une & dans l’autre les mêmes propriétés, la même division des territoires, la même nature de pâturages, & par une conséquence nécessaire, la même espèce de bétail blanc,

La Franche-Comté se divise, comme la Bresse, en pays plat & en pays de montagne ; ses plaines peuvent être comparées à celles de la Beauce pour les récoltes, mais on n’y élevr pas autant de bêtes à laine que les pâturages en peuvent nourrir. Les pâturages des collines offrent une ressource précieuse pour l’éducation du gros & du menu bétail, & dont on tire le meilleur parti.

Le pays plat de la Bourgogne fournit d’excellentes récoltes sans amendemens. Il n’en est pas ainsi dans les bailliages d’Autun, d’Auxone, de Châtillon sur Seine, dans le Brionnois & dans le Charolois, & même dans une partie du Maconnois ; mais les parcours & les pâturages y sont multipliés.

Le Bourbonnois, placé entre le Berry & la Bourgogne, participe aux propriétés & à la température qui distinguent ces deux provinces ; ses rapports avec le Berry sont un peu plus marqués qu’avec la Bourgogne, tant à l’égard de la culture & des fonds de terre, que relativement au nombre & au gouvernement des troupeaux.

La Lorraine & l’Alsace sont tellement une continuité de la Bourgogne & de la Franche-Comté, qu’on y trouve par-tout les mêmes traces des opérations de la nature, en passant de la plaine à la montagne, & des coteaux aux vallées.

Les Vosges, qui traversent la Lorraine depuis l’Alsace jusqu’à la Champagne, fournissent d’excellens pâturages pendant huit mois de l’année, & dans la Lorraine allemande on parque environ pendant six mois.

L’Alsace est traversée par le Rhin & 1*111, coupée par une infinité de petits ruisseaux, & arrosée de plu-