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sort des manœuvres ou journaliers ; ici commence le travail du jardinier. Il soudivise ses quarreaux en tables ou planches, & dispose le local des petits sentiers de séparation. Si le jardin doit être arrosé par irrigation, il trace la place des rigoles & celles des plates-bandes, en un mot, il prépare le terrein pour recevoir des plans enracinés, ou les semences.

Le simple jardin légumier ne demande aucun plan étudié ; des quarreaux plus ou moins allongés sont tout ce qu’il exige. C’est la commodité, la facilité dans le service, dans l’arrosement, le transport des fumiers qu’il faut se procurer par dessus tout, enfin ne rien négliger de ce qui tend à simplifier le travail & à diminuer les frais de main-d’œuvres. C’est là le premier bénéfice.

Il me reste encore une question à examiner. Les fouilles ou tranchées plus ou moins profondes sont-elles indispensables dans tous les cas lorsqu’il s’agit de créer un jardin ? Elles sont très-utiles en général, mais elles ne sont pas toujours d’une nécessité absolue. Cette distinction tient à la qualité du sol ; en effet, si la couche de terre est par elle même profonde, meuble, riche, & si elle ne retient pas trop l’eau, à quoi serviront les grandes tranchées ? si le sol est naturellement composé d’un sable gras & fertile, les fouilles le rendront d’un côté plus perméable à l’eau, & de l’autre plus susceptible d’évaporation. Les fouilles ont pour but de faciliter le pivotement & l’extension des racines, & dans les deux cas cités, rien ne s’oppose à leur développement. Les grandes fouilles sont donc ici très-inutiles, il suffit avant de tracer le jardin, d’égaliser le terrein à la charrue, afin d’enlever les brousailles, les touffes d’herbe, & de passer ensuite la herse sur les deux labours croisés, afin de niveler & d’égaler le terrein. On parviendra par cette méthode à tracer facilement les allées, & la plus légère raye les dessinera & les séparera, à l’œil, du sol destiné à former les quarreaux, les plates-bandes &c. Le plan une fois tracé, arrêté & fixé par différents piquets, il ne s’agit plus que de bien fumer la superficie, & de donner un fort coup de bêche pour l’enterrer.

Section III.

Du tems de semer.

Fixer une époque générale pour les semailles, c’est établir l’erreur la plus décidée, ou bien il faut se contenter d’écrire pour un canton isolé, & encore doit-on subordonner à la manière d’être des saisons, les préceptes que l’on donne. Cependant comme je ne puis traiter ici de tous les cantons du royaume en particulier, je me contente d’envisager les deux extrémités, celle du midi & du nord, comme les deux qui sont les plus opposées. Les particuliers dont les jardins s’éloignent des extrémités de l’un ou de l’autre climat, modifieront l’époque des semailles en raison de leur éloignement, & sur tout en raison des abris que la nature leur fournit. (Voyez le mot Agriculture, chap. III des Abris., afin de juger jusqu’à quel point ils influent sur la végétation, ou combien dépendent d’eux son accélération ou son retard). Lille en Flandres & Paris sont les exemples pour le nord, Marseille & Béziers pour le midi. Les deux ** indiquent qu’il faut semer sur couche & sous cloche