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ment la vélocité & la force du pouls. On les prescrit avec avantage dans les maladies soporeuses, contre les pâles couleurs, le rachitisme, la suppression du flux menstruel occasionnée par impression d’un corps froid. L’eau distillée de lavande réveille médiocrement les forces vitales, même donnée à haute dose. La teinture de lavande agit plus fortement sur le genre nerveux que l’infusion aqueuse.

Voici le procédé pour faire la teinture de lavande. Prenez les sommités fleuries & récentes de lavande, remplissez-en la moitié d’un matras, versez par-dessus de l’esprit-de-vin, en quantité suffisante pour qu’il les surpasse d’un travers de doigt ; bouchez exactement le matras que vous mettrez dans une étuve pendant quarante-huit heures. Si on distile cette préparation, on aura une très-forte eau-de-vie de lavande.

Dans les provinces du nord, la lavande est employée à former les bordures des plattes-bandes, ce qui produit un joli effet quand la plante est en fleur. On doit couper les tiges aussi-tôt que la fleur est passée, & ne pas lui donner le temps de grainer. C’est le moyen d’avoir de nouvelles fleurs jusqu’à l’automne : sans cette précaution, les tiges se dessèchent & sont désagréables à la vue. La plante souffre la tonte comme le buis, mais sa couleur, d’un verd blanchâtre, n’est pas agréable.

On doit exclure de semblables bordures de tout jardin potager, parce qu’elles servent de retraites sûres & commodes aux limaces & aux escargots de toutes les espèces ; ils en sortent pendant la nuit & à la fraîcheur, & vont dévorer les semis.

Cet arbrisseau craint l’humidité ; on le multiplie par boutures, par des plans enracinés, & en éclatant les vieux pieds. La saison pour le replanter est le printemps & l’automne : la première est à préférer. Il n’est pas délicat sur le choix du terrein, puisqu’il végète sur les terreins incultes de la Provence & du Languedoc ; mais un bon sol augmente le verd de ses feuilles, lui fait pousser des tiges nombreuses & bien nourries. Cependant, si on compare dans le nord l’odeur de ses fleurs avec celle des provinces du midi, on y trouve une grande différence. L’odorat est plus satisfait dans le midi ; mais combien ce petit avantage est réparé dans le nord par la beauté de la verdure & la douce fraîcheur qui y règne !

Les provinces du midi fournissent encore la lavande à feuilles découpées, celle à feuilles dentelées & crépues, & la lavande ou stæchas ; mais la botanique n’étant pas le but de cet ouvrage, il suffit d’indiquer les espèces sans les décrire.

Les parfumeurs préparent avec les sommités fleuries de la lavande, des sachets à odeur, des eaux distillées odorantes, & une huile essentielle.

LAVEMENT, ou CLYSTERE, ou REMEDE. Substance fluide qu’on injecte dans les intestins par le fondement, au moyen d’une seringue.

Les lavemens sont simples ou composés, & leur dose doit être proportionnée à l’âge du sujet auquel on les donne.

La dose ordinaire pour l’homme est d’une demi-bouteille de pinte, mesure de Paris, d’un quart ou d’un