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(Voyez ce qui a été dit au mot Espèce)[1]

Culture. Le laurier ordinaire, & toutes ses variétés, se multiplient par semis & par marcotte. L’époque du semis est aussitôt que la graine est mûre & tombe. Il convient de semer chaque graine dans un pot, deux tout au plus, & si elles germent toutes les deux, on détruira un pied, dès qu’il sera hors de terre. Cette méthode est la plus sûre pour la transplantation. L’année d’après la germination on renverse le vase, & sans déranger les racines & la terre qui les environne, on les met dans une petite fosse destinée à les recevoir. Cette opération doit avoir lieu du moment où l’on ne craint plus le retour des gelées. Dans les provinces du nord, il sera utile de couvrir les jeunes tiges avec de la paille, pendant les premiers hivers, sur-tout si l’arbre n’est pas dans une bonne exposition. Il est encore avantageux d’entourer le pied avec du fumier. Si le froid fait périr les tiges, il en poussera de nouvelles des racines, à moins qu’il n’ait été excessif, & qu’on n’ait pris aucune précaution pour les garantir. Cet arbre demande une terre substantielle, & quelques arrosemens au besoin.

Comme cet arbre pousse beaucoup de rejettons, on peut les détacher des racines dès qu’ils seront garnis de chevelus, & les planter. C’est le moyen le plus prompt pour les multiplier, mais mains sûr que les semis qui acclimatent mieux les arbres.

On peut encore coucher les branches, au défaut de rejettons enracinés, & les marcotter comme des œillets. Dans les provinces du midi elles prennent de racines sans cette précaution. Cet arbre pyramide joliment, & figure bien dans les bosquets d’arbres verds. Dans les provinces du nord on ambitionne la verdure perpétuelle des arbres du midi, & dans celles-ci on regrette de ne pas avoir la verdure moirée des gazons, celle du tilleul, de la charmille, &c. Si les arbres toujours verds font quelque plaisir en hiver, combien leur verd-foncé & monotone est triste en été !

La superstition des anciens a perpétué une erreur jusqu’à nos jours. On a sans cesse répété que la foudre respectoit le laurier. Le fait est faux. Puissent toutes les erreurs n’être pas d’une conséquence plus dangereuse !


Laurier-cerise. Tournefort le place dans la septième section de la vingt-unième classe destinée aux arbres à fleurs en rose, dont le pistil devient un fruit à noyau, & rappelle lauro cerasus. Von Linné le classe dans l’icosandrie monogynie, & le nomme prunus lauro cerasus. Ce n’est donc point un laurier.

Fleur. En rose á cinq pétales, obronds, concaves, attaches au calice par des onglets ; calice d’une seule pièce, à cinq découpures obtuses & concaves.

Fruit. Baie ovale, presque ronde,

  1. Je viens d’indiquer ces espèces de lauriers, non à cause de l’utilité par rapport à notre agriculture, mais uniquement à cause des reproches que l’on me fait de ne pas parler de toutes les plantes. Le but de cet Ouvrage n’est pas pour l’instruction des seuls Botanistes ou de quelques amateurs ; s’ils désirent de plus grands détails, ils pourront consulter le Dictionnaire encyclopédique, l’Histoire du règne végétal de M. Buchos, le Dictionnaire anglois de Miller, &c. Je ne veux pas multiplier inutilement le nombre des volumes.