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ture à la sortie de l’orangerie, est, dans les provinces du midi, en état d’être levé de terre en juin ou juillet, & de fleurir dans la même année si on l’a planté un peu fort. Ses graines mûrissent difficilement, même dans nos provinces du midi ; on l’a appellé queue de lion à cause de sa couleur & à cause de la disposition de ses fleurs.


LÈPRE. Médecine rurale. La lèpre est une maladie contagieuse, accompagnée de stupeur & d’insensibilité de la peau.

On en distingue ordinairement deux espèces, qui, à proprement parler, sont les deux degrés de cette maladie affreuse.

Le premier degré est connu sous le nom de lèpre des Grecs ; le second est appellé lèpre des Arabes ou éléphantiase.

La description de la lèpre présente à l’humanité le tableau le plus hideux & le plus affligeant. Ceux qui en sont attaqués ont la peau dure, sèche & âpre au toucher ; ils y ressentent une démangeaison & un prurit des plus incommodes. La lèpre est quelquefois partielle, & n’attaque que certaines parties du corps, telles que le front, les pieds & les mains : le plus souvent elle est universelle, & recouvre toute la peau.

Elle est toujours moins mauvaise & moins dangereuse quand elle s’annonce comme la gale ; c’est-à-dire, lorsque la peau devient rouge & très-dure, & qu’elle excite une vive démangeaison.

Il se fait une éruption de pustules rouges, plus ou moins multipliées, quelquefois solitaires, le plus souvent entassées les unes sur les autres dans différentes parties du corps, sur-tout aux bras & aux jambes. À la base de ces premières pustules il en nait bientôt d’autres, qui se multiplient & s’étendent beaucoup en forme de grappes ; leur surface devient en peu de temps rude, blanchâtre & écailleuse ; les écailles qu’on détache en se gratant, ressemblent à celles des poissons, & dès qu’on les a enlevées, on apperçoit un léger suintement d’une sanie ochreuse, qui occasionne un picotement désagréable.

Si l’on abandonne cette maladie à elle-même, ou qu’on ne se hâte pas de la combattre par des remèdes appropriés, elle fait les progrès les plus rapides, & les humeurs se vicient à un tel point, que les pustules deviennent noires & livides, de blanches ou jaunes qu’elles étoient auparavant. La peau devient encore plus rude, & aussi épaisse & ridée que celle d’un éléphant.

La respiration devient aussi plus difficile, l’haleine est puante, la voix perd sa force & devient rauque ; les joues se recouvrent d’une sorte de crasse, l’urine que les malades rendent est épaisse, & aussi trouble que celle des juments. À tous ses symptomes se joint l’assoupissement ou l’insomnie, ainsi que la maigreur de tout le corps, & une odeur insoutenable qui s’en exhale. C’est alors qu’il survient des boutons & des ulcères malins par tout le corps ; les poils tombent avec le peau ; celle du visage tombe aussi par lambeaux ; l’enflure des lèvres & des extrémités est si prodigieuse, qu’on ne peut souvent appercevoir qu’avec beaucoup de peine les doigts enfoncés & cachés dans la tumeur. Dans cette cruelle position, une espèce de glace