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d’où la sève s’extravase, & forme sur l’écorce, en se durcissant, des espèces de larmes. Ce mastic entre dans la composition de plusieurs vernis.

Culture. Il seroit possible, par des semis réitérés, de naturaliser le lentisque dans plusieurs de nos provinces (Voyez le mot Espèce) : il est indigène dans la Basse-Provence & dans le Languedoc. Comme cet arbre est toujours vert, il serviroit très-bien à former des bosquets & des tonnelles à ombre épaisse ; mais on le laisse sans culture végéter dans les haies, le long des chemins, pour fournir un peu de bois de chauffage ; on le multiplie facilement par semences & par couches ; si on le cultive, si on donne à son pied quelque labour, il végète fortement. Je ne doute pas, je le répète, qu’avec des soins ou n’en forme de jolies palissades ; le point essentiel est de diminuer la multiplicité des rameaux qui s’élèvent de ses racines, & de ne lui laisser que la quantité suffisante de tiges dont on a besoin pour garnir.


LÊONURUS ou QUEUE DE LION. Tournefort le nomme leonurus perennis Africanus, sideritis folio, flore phæniceo majore, & le place dans la seconde section de la quatrième classe des herbes à fleur d’une seule pièce irrégulière, dont la lèvre supérieure est creusée en cuiller. Von Linné l’appelle phlomis leonurus, & le classe dans la dydinamie gymnospermie.

Fleur. Labiée & d’une seule pièce, la supérieure beaucoup plus longue que l’inférieure, divisée en trois ; quatre étamines, dont deux plus grandes & deux plus courtes, un seul pistil ; le calice à découpures, alternativement plus longues & plus courtes, & au nombre de dix.

Fruit. Quatre semences oblongues a trois côtés, renfermées dans le calice.

Feuilles. Entières, en forme de lance, dentées en manière de scie.

Racines. Très-fibreuses.

Port. Arbrisseau de deux à trois pieds de hauteur, à tiges quarrées, branchues ; les fleurs rangées autour des tiges comme celles de l’ortie blanche ou lamier, rassemblées ; ces touffes diminuent de grandeur, à mesure que la tige s’élève ; ses fleurs sont de la couleur du tabac d’Espagne, mais un peu plus rougeâtres, plus veloutées.

Lieu. L’Afrique, le Cap de Bonne-Espérance. L’arbuste fleurit deux fois l’année, au printemps & en automne, & reste en fleurs pendant long-temps.

Propriétés. D’aucun usage en médecine, mais cet arbuste est des plus pittoresques, & pare singulièrement un jardin. L’orangerie lui suffit dans les provinces du midi, & même il passe bien l’hiver dans une chambre, pourvu qu’il ne gèle point ; il craint singulièrement l’humidité dans cette saison.

Culture. Chaque année l’arbuste doit être changé de pot, parce que ses racines en occupent bientôt toute la capacité ; il demande une terre substantielle, forte, & mêlée au terreau : si on ne lui donne que du terreau, il faut l’arroser trop souvent. Chaque rameau détaché du tronc & mis en terre à l’ombre, arrosé au besoin, pousse promptement des racines ; de manière qu’un rameau mis en bou-