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dans les haies. C’est un des premiers arbres qui fleurissent au printemps.

Culture. Le lilas ordinaire fournit plusieurs variétés. La première à fleurs nlanches ; la seconde à fleurs tirant sur le bleu ; à feuilles panachées en blanc ou en jaune, sur-tout celui à fleurs blanches.

On connoît encore le lilas de Perse, syringa Persica. Lin. Lilac liguster folio. Tourn. Il diffère du premier par ses feuilles, semblables à celles du troëne, (Voyez ce mot) par ses tiges qui ne s’élèvent ordinairement qu’à trois pieds par ses grappes de fleurs, beaucoup plus petites. Il y a une variété à fleurs blanches.

Von Linné regarde comme une simple variété du petit lilas de Perse, celui qui est à feuilles découpées comme le persil, & il le nomme syringa lasciniata, & il s’élève à la même hauteur. Ces deux jolis petits arbrisseaux, l’ornement des bosquets de printemps, reçoivent la tonte comme les buis, & se chargent de fleurs. On peut à volonté varier leur forme. On doit, à cause de leur peu de hauteur, les placer sur le devant des massifs.

Le lilas ordinaire ne doit occuper que le second & même le troisième rang dans les massifs, & on doit garder pour le centre les arbres qui montent plus haut. De cette manière les massifs pyramident & font un très-bel effet. Mais si on plante les arbres pêle-mêle, sans avoir égard au temps de leur fleuraison, & à la hauteur de leurs tiges, tout devient confusion, les plus élevés étouffent les plus bas, & le coup-d’œil n’est plus agréable. Les lilas à feuilles de troëne, ou à feuilles découpées, forment de jolies palissades, tapissent bien les murs, si on a soin de les tailler. Le lilas ordinaire n’aime pas la gêne, & il se venge de la main du jardinier, par la quantité de tiges qu’il pousse de ses racines ; d’ailleurs les bourgeons de ces tiges périssent à mesure qu’ils s’élèvent, & ne subsistent plus que vers le sommet.

On peut former les haies de clôture avec le lilas ordinaire, & au temps de la fleur elles sont charmantes ; mais le lilas veut être seul, ses branches doivent être tirées presque horizontalement, & croisées les unes sur les autres en lozange, de cette manière elles ne s’emportent pas vers le haut. (Voyez au mot Haie, la description de ce travail.) Je n’ai pas essayé de greffer par approche les tiges les unes contre les autres. Je présume que la chose est très-possible.

Ces arbustes supportent les froids rigoureux de nos hivers, comme s’ils étoient indigènes. Ce fait prouve combien il est facile de naturaliser de proche en proche les arbres des pays méridionaux. Consultez le mot Espèce.

Le lilas ordinaire vient par-tout, jusques sur les vieux murs. Les petits à feuilles de troëne, ou à feuilles découpées, sont plus délicats, ils aiment une terre substantielle.

On peut multiplier ces espèces par le semis c’est le moyen de se procurer une grande quantité de pieds ; & comme leur végétation est prompte, on est amplement dédommagé de ses soins. Mais toutes ces espèces de lilas poussent beaucoup de drageons enracinés, qui fournissent des sujets à replanter : on les préfère communément au semis. Si on veut avoir beaucoup de drageons, il faut raser toutes les