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ciens habirans de Tyr se servoient pour teindre leurs étoffes en pourpre.


§. II. Action de la lumière dans le règne végétal.


Ce n’est que depuis quelques années que les savans se sont occupés sérieusement des effets de la lumière sur les individus du règne végétal ; leur maladie, connue sous le nom d’étiolement, en a été la principale cause ; nous sommes entrés dans quelques détails sur cette singulière maladie au mot Étiolement ; (Voyez ce mot) nous en avons cherché l’origine, & nous l’avons trouvée avec M. Méese & Bonnet dans la privation de la lumière. Nous ne répéterons donc pas ici ce que nous avons déjà dit, mais nous nous occuperons seulement de l’influence de la lumière sur la croissance des plantes, sur la coloration des pétales, des fruits & des autres parties de la plante, en un mot sur toute l’économie végétale.

Depuis MM. Duhamel, Bonnet & Méese, deux illustres observateurs ont suivi la marche de la lumière, & ses effets sur les plantes. Le premier est M. l’abbé Tessier, si avantageusement connu par ses divers travaux sur les grains & leur maladie ; l’autre M. Senebier de Genève, à qui la physique & la chymie doivent quantité d’observations importantes ; c’est l’extrait de leurs travaux que nous allons présenter ici.

M. l’abbé Tessier voulant s’assurer jusqu’à quel degré les plantes recherchoient la lumière, si leur penchant vers elle avoit lieu à la surface de la terre & dans des appartemens plus ou moins éclairés, comme dans les lieux obscurs, où le jour ne pénètre que par un seul endroit ; si cette inclinaison varieroit suivant la manière dont les plantes seroient élevées, & suivant les époques de leur végétation ; enfin si cette inclinaison seroit la même, & quelle modification elle éprouveroit par une lumière directe ou réfléchie, par la lumière du jour ou d’un flambeau allumé ; M. l’abbé Tessier, dis-je, a fait un très-grand nombre d’expériences qu’il a variées de mille manières, en exposant des tiges de bled semé dans des pots, tantôt plus ou moins obliquement à une fenêtre, tantôt sur une cheminée, devant une glace ou devant les pilastres de la cheminée ; tantôt en coupant les tiges déjà inclinées, pour voir si les nouvelles pousses se pancheroient de même ; tantôt en éclairant des plantes renfermées dans une cave, par la lumière réfléchie des miroirs, ou par une lampe. Le détail de ces expériences nous mèneroit trop loin, il en résulte seulement que plus les tiges des plantes sont près de leur naissance, plus elles s’inclinent vers la lumière. Mais se fortifient-elles par la végétation ? Leur tige se solidifie, & l’inclinaison diminue. Cette inclinaison semble augmenter encore, toutes choses égales d’ailleurs, en proportion de l’éloignement de la plante vers la lumière. La nature & la couleur des corps devant lesquels les plantes sont placées, influent encore sur leur inclinaison ; s’ils sont de nature à absorber ou à ne réfléchir que très-peu de rayons, l’inclinaison sera considérable. La facilité avec laquelle les tiges poussent & se développent, augmente aussi la facilité avec laquelle elles s’inclinent vers la lumière. « Enfin on peut conclure,