Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/351

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une grande rigidité, & en qui la marche du sang est impétueuse, sont sujet à l’ophtalmie sèche, sur-tout si on les soumet à des exercices longs, violens, & à des travaux pénibles. Elle s”annonce par l’affaissement du globe, par une diminution considérable de son volume, par son enfoncement dans la cavité orbitère, par l’inflammation de la conjonctive, qui se communique à toutes les parties de l’œil, & à celles qui l’environnent. Tous ces symptômes sont communément violens.

Les chevaux phlegmatiques, naturellement engourdis & paresseux, sont sujets à l’ophtalmie humide ; les paupières s’enflent, se collent, il en sort une grande quantité de sérosité, dont la qualité est si âcre qu’elle ronge quelquefois le bord de la paupière intérieure, du cote du grand angle, & enlève le poil le long du chamfrin, sur lequel elle coule… L’ophtalmie épizootique règne dans certain temps de l’année ; elle dépend de la constitution froide & humide de l’air, ce qui fait qu’elle attaque indifféremment toutes sortes de chevaux.

L’ophtalmie périodique est celle qui revient toujours dans le même temps ; parce que son cours se fait d’une manière régulière. Il est des chevaux qui en sont attaqués tous les ans, d’autres tous les six mois, & d’autres tous les mois. C’est par l’analogie de la régularité de son mouvement ou de sa révolution, comparée avec le cours de la lune, sans doute, qu’on a supposé que l’ophtalmie périodique dépendoit de l’influence de cet astre.

J’ai vu un cheval, d’un tempérament pléthorique, qui avoit les parotides gorgées, dures & enflammées, dont l’inflammation se portoit jusqu’à l’œil du même côte. La tête de cet animal étoit basse, il ne pouvoit supporter la lumière il découloit de son œil une sérosité fort abondante ; le ventre étoit paresseux, & la sécrétion des urines languissante. Pour dissiper le mal, & rétablir les fonctions des viscères, le régime, les boissons délayantes & apéritives, la saignée, les purgatifs & les collyres furent mis en usage. Le cheval parut guéri ; mais au bout de six mois, l’ophtalmie attaqua l’œil de nouveau. On ajouta à ce premier traitement, le séton, & un régime plus long ; ce qui n’empêcha pas que l’ophtalmie ne revint périodiquement de six mois en six mois, pendant l’espace de deux ans. Tandis que les partisans des qualités occultes, attribuoient cette fluxion aux influences de la lune, on reconnut qu’elle n’y avoit aucune part, & qu’elle provenoit de la foiblesse de l’estomac & du relâchement des intestins. On prescrivit, peur la boisson ordinaire du cheval, l’eau teinte avec la boule de mars ; ce qui fut exécuté pendant près d’un mois. Le ventre devint plus libre, les reins firent mieux leurs fonctions, & l’ophtalmie ne reparut plus.

Il suit de-là, que toutes les différentes espèces d’ophtalmie, qui proviennent d’une cause inconnue à l’artiste, ou toutes celles qui ont déjà causé une certaine foiblesse à l’organe de la vue, produisent l’ophtalmie périodique, ou y disposent, & qu’on ne parviendra jamais à les guérir, qu’on n’ait guéri les maladies dont elles sont les symptomes. En conséquence, ce ne sera qu’après avoir administré les remèdes