Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/380

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Lychnis, Coquelourde des Jardiniers. Quoique Von Linné la regarde comme une espèce à part de celle des lychnis, elle en est cependant si rapprochée, que je crois pouvoir ici les réunir, sans commettre une bien grande erreur botanique. Tournefort la nomme lychnis coronaria dioscoridis, sativa. Von Linné l’appèle agrostema coronaria, & tous deux la placent dans la classe indiquée ci-dessus.

Fleur. En œillet, d’une belle couleur pourpre, à cinq pétales nuds, couronnés à leur base de cinq nectaires ; le calice est à dix angles, dont cinq alternativement plus petits.

Fruit. Capsule presque anguleuse, fermée, à une seule loge, à cinq valvules, renfermant des semences noires, rudes, & en forme de rein.

Feuilles. Adhérentes aux tiges, ovales, simples, entières, cotonneuses, blanchâtres.

Racine. Menue simple.

Port. Tige de douze à dix huit pouces de hauteur, herbacée, cotonneuse, articulée, cylindrique, rameuse ; les fleurs sont seules à seules au sommet, portées fut des pédoncules qui partent des aisselles des feuilles.

Lieu. Originaire d’Italie ; cultivée dans les jardins ; la plante est vivace.

Culture. Comme celle de la précédente, & elle est moins délicate sur le choix du terrein.


LYMPHE. Médecine Rurale. De toutes les humeurs qui dérivent de la masse du sang, il n’en est aucune qui mérite plus d’éloges que celle-ci. Renfermée dans des vaisseaux très-petits, très-minces & transparens, connus sous le nom de vaisseaux lymphatiques, elle joue un des principaux rôles dans l’économie animale.

C’est à Thomas Bartholin & Rudbec, qu’on doit la découverte des vaisseaux lymphatiques. Ce fut en 1651 qu’ils les observèrent. Cependant quelques Anglois, & notamment Glisson, en attribuent l’invention à Jolivius. Avant eux, personne n’en avoit fait mention. Et en effet, il paroît bien que les anciens n’ont pas connu la nature & les propriétés de la lymphe ; les modernes, au contraire, en ont bien senti l’existence, & reconnu l’utilité. Aussi l’ont-ils regardée, avec juste raison, comme le suc naturel de la nutrition.

En effet, la lymphe séparée du sang, est un suc très-délié, limpide, aquéogélatineux, dont la circulation est toujours dirigée de la surface du corps, vers les gros vaisseaux & vers son propre réservoir. Soumise à l’analyse chymique, elle fournit une quantité d’eau assez abondante, une matière gélatineuse, assez grasse, & une quantité de sel beaucoup moindre, relativement à ses autres principes. Elle doit sa finesse de sa fluidité aux particules aqueuses qu’elle contient, & qu’elle communique au sang : ses parties gélatineuses servent à la nutrition, & ses parties salines favorisent leur mélange.

La lymphe peut aussi exciter une infinité de maladies : son épaississement, sa lenteur à couler dans le calibre des vaisseaux ; son épanchement dans certaines cavités, sont autant de causes très-puissantes, qui déterminent quelquefois des affections très-sérieuses, & très-souvent