Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ser d’ébourgeonner plutôt, pour ne pas recommencer, comme font ceux qui manquent de pratique ou d’instruction. Les poiriers & les pommiers, qui sont plus tardifs, s’ébourgeonnent plus tard au déclin de la canicule, quand le bouton est formé au bout des branches.

On commence l’ébourgeonnement par les abricotiers, ensuite celui des pêchers à fruits hâtifs, si les bourgeons sont assez allongés, comme d’un pied ou quinze pouces, pour soutenir l’attache & pouvoir palisser. Les jeunes pêchers sont toujours ceux qui pressent le plus, parce qu’ils ont ordinairement poussé de fortes branches fort allongées, que le vent casseroit : vous aurez soin de réserver en ébourgeonnant quelques branches superflues, que vous ne couperez point, mais que vous marquerez & attacherez au mur, afin d’en tirer des greffes, si vous en avez besoin pour les écussons à œil dormant en août.

Il est encore temps de couper les branches attaquées par les fourmis & par les pucerons, si on ne l’a pas fait plutôt.

Les arbres étant ébourgeonnés, on couchera en palissant les branches les plus hautes sous le chapiteau des murs, sans les couper & arrêter, pour qu’elles ne dépassent pas le mur, si ce n’est en septembre, lorsque la sève est arrêtée.

Le palissage étant fini, il ne reste plus qu’à éclaircir les pêches qui sont trop serrées, qui se nuisent, & ne pourroient grossir ni mûrir parfaitement. Les abricots ont été éclaircis en avril. On éclaircit aussi les poires trop serrées, mais on n’ôte rien aux rousselets, ni à la plupart des fruits d’été.

On retire quelques clous des arbres palissés au clou & à la loque, quand les clous se trouvent trop près du fruit, & l’on passe une petite pierre sous les branches où il se trouve quelques fruits trop près du mur qui les endommageroit.

On a l’attention de n’éclaircir les pêches tardives que huit jours après les autres, parce qu’il en tombe ordinairement après l’ébourgeonnement. Les prunes des arbres à plein vent, quand il y en a trop, perdent beaucoup de leur qualité, si l’on n’en diminue pas le nombre, en coupant celles qu’on veut ôter par le milieu de la queue avec des ciseaux. La reine-claude entre autres, quand elle charge beaucoup, dégénère au point de n’être pas reconnoissable.

Ce n’est qu’en juin que la vigne défleurit, & que les grains commencent à paroître ;[1] c’est le temps, aussi-tôt qu’ils sont de la grosseur d’une tête d’épingle, d’éclaircir les grappes de muscat, dont les grains toujours serrés & enfoncés mûrissent difficilement ; on en ôte les deux tiers ou les trois quarts, avec de petits ciseaux pointus & bien affilés : Les plaies se referment assez promptement, & les grains qui restent deviennent plus gros, plus croquans, prennent plus de couleur, & mûrissent mieux.

La seconde opération après l’ébourgeonnement des arbres, c’est de découvrir les fruits qui sont trop cachés sous les feuilles, à mesure qu’ils

  1. Beaucoup plutôt, à mesure qu’on approche du midi.