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Juin.

Au commencement de juin on met un second lien à la vigne, pour rassembler les bras qui se sont allongés, & on l’ébourgeonne pour la seconde fois.

Quelques-uns ne se contentent pas d’avoir en avril taillé leurs figuiers en caisses ou en pots ; ils pincent & rompent encore, au commencement de juin, à trois ou quatre yeux, les plus forts des nouveaux bourgeons ou les nouveaux jets les plus vigoureux, suivant leur force. Ces trois ou quatre yeux feront une couronne de branches à fruit pour l’année suivante, & le fruit de l’année, qui profitera de la seve qui s’y seroit portée, en deviendra plus beau ; mais comme c’est le temps de l’extravasion du suc laiteux que cet arbre rend avec abondance par l’extrémité des branches rompues, nous croyons cette opération plus dommageable qu’utile ; il vaut mieux se contenter de raccourcir les branches trop élancées en avril.

Continuez de palisser les treilles, dont le vent casseroit les bras les plus allongés.

On coupe le lien de la greffe en écusson, quand on voit que l’écusson est bien repris, afin qu’il n’étrangle pas la greffe.

Il est tems de tendre des pièges aux loirs, avant que ces animaux commencent à sortir pour manger les abricots & les pêches, afin qu’ils voient ces pièges en sortant, & s’y accoutument, sans en être épouvantés, comme ils le seroient s’ils ne les avoient pas vu d’abord. Les meilleurs pièges sont les quatre de chiffres, ou les petits assommoirs qu’on tend à leur passage sur le chapiteau des murs, où ils courrent pendant la nuit pour gagner les espaliers.

À la mi-juin on recoupe encore par la moitié les branches gourmandes dont on avoit retranché la moitié en mai. On arrose les figuiers en caisses ou en pots de deux jours l’un, depuis cette époque jusqu’à ce que le fruit soit cueilli. On cueille les boutons de câpriers avant que les fleurs épanouissent ; les plus petits boutons & les plus fermes sont les meilleurs.

On ne donne plus que des ratissages & menues façons aux pieds des arbres dans les terres légères, mais il faut travailler les terres fortes, fraîches & argileuses, qu’on ne sauroit trop ouvrir & remuer après l’hiver. Il faut donner aux oliviers le premier labour à la houe, & tous les mois un petit labour avec la houlette aux orangers.[1]

Ébourgeonner les abricotiers, les pêchers après la Saint-Jean, c’est-à dire après le solstice, temps où le soleil dardant ses rayons plus à plomb, cause à la sève une forte fermentation, & fait pousser une infinité de bourgeons ; en un mot, c’est le temps de la grande pousse des arbres : c’est donc une règle certaine, qui ne sauroit tromper, que de ne se pas pres-

  1. Consultez les mots Olivier & Oranger pour connoître leur culture dans les provinces du midi.