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qui sont subordonnées à une cause sympathique ; pour l’ordinaire la terminaison en est plus prompte, & la crise plus complète & salutaire.

Parmi celles qui dépendent de sa lésion, les unes sont générales & sont connues sous les noms particuliers de fureur, suffocations utérines, vapeurs, passion hystérique, &c. Les autres sont locales, le vice qui les constitue est apparent, & forme le symptôme principal. Dans cette classe, nous comprendrons un dérangement dans l’évacuation périodique des mois, la chûte, la hernie, l’hydropisie, l’inflammation, l’ulcère, le skirrhe, & le cancer de la matrice.

Nous ne parlerons point de chacune de ces maladies, nous nous contenterons de faire une mention fort succinte de la chûte ou descente de matrice, de son inflammation, & de l’ulcère de ce même viscère.


Chûte ou descente de matrice.


La chûte de matrice est complète ou incomplète.

Elle est incomplète lorsque la matrice est descendue dans le vagin. On peut aisément s’en convaincre par le toucher. On n’a pas plutôt introduit le doigt dans le vagin, qu’on distingue très-bien son orifice interne. La femme se refuse, pour l’ordinaire aux désirs de son mari le devoir & les plaisirs du mariage lui sont à charge, insipides, douloureux, difficiles, & même impossibles à remplir. La compression que ce viscère exerce sur la vessie & le rectum, produit des difficultés d’uriner, & d’aller à la selle, des coliques, & autres maux très-douloureux. Les femmes éprouvent encore des douleurs & des tiraillemens aux lombes, parties où vont s’implanter les ligamens larges.

La chute de matrice complète est aisée à connoître : la vue seule suffit pour cela ; mais il arrive quelquefois que la matrice, en tombant ainsi, se renverse ; c’est-à dire que l’orifice reste en-dedans du vagin, tandis que le fond se présente au dehors. Dans cet état on pourroit la confondre avec quelque tumeur polypeuse ; mais l’on évitera toute erreur, si l’on fait attention que les tumeurs augmentent insensiblement, au lieu que cette chûte se fait subitement, toujours à la suite d’un accouchement laborieux, ou par la faute d’un accoucheur peu habile & peu expérimenté.

La chûte incomplette de matrice est une maladie plus incommode que dangereuse. On a cependant vu des femmes devenir grosses, & accoucher dans cet état. Dans la chûte complète, il est à craindre un étranglement qui amène l’inflammation, & la gangrène ; & dans ces cas la mort est ordinairement prochaine.

On remédie à la chûte de matrice par la réduction. Mais auparavant, il faut bien examiner si ce viscère est sain, sans inflammation & gangrène. S’il en est atteint, il faut, avant de le faire rentrer & le remettre en place, y faire quelques légères scarifications avec la pointe de la lancette, & le fomenter avec une décoction de quinquina, de scordium, d’eau-de-vie camphrée, & d’autres remèdes antiseptiques. Il faut encore, avant d’en venir à la réduction, faire uriner la femme, lui procurer la liberté du ventre, par des lavemens ; oindre ses parties d’huile d’amande douce & de beurre.