Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/481

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On fait coucher la femme sur le dos, la tête fort basse, & les fesses élevées. On prend la matrice, enveloppée d’un linge fort souple, & l’on tâche, par de légères secousses, de côté & d’autre, de la repousser en-dedans : ce moyen est plus sur & plus facile qu’aucun autre dans l’exécution ; il n’est pas de femme à la campagne, ni de paysan, qui ne puissent faire cette opération, avec un peu d’attention, de réflexion & de dextérité ; il est préférable au fer rougi au feu, qu’on conseille d’approcher de la matrice, pour la faire rentrer.

La matrice réduite, on la contient, & on en prévient la rechute par un pessaire percé, qui permette la sortie de l’urine, l’évacuation périodique des règles, & l’injection de quelque eau astringente, telle que la décoction de plantin, d’écorce de grenades.

On fortifie les reins, par l’application de quelque emplâtre fortifiant, tel que celui de pro fracturis.


Inflammation de matrice.


Les symptômes qui la caractérisent, sont des douleurs dans la partie inférieure du ventre, qui deviennent plus fortes & plus aiguës au toucher. La région du pubis, ses parties voisines sont fort tendues, & dans un état de roideur. Les malades ressentent dans la matrice une chaleur & une ardeur considérable ; elles sont tourmentées par une soif vive & brûlante ; elles éprouvent des foiblesses ; les urines sont rares, rouges, enflammées, se filtrent très-difficilement dans les reins, & sont évacuées avec douleur. Le poulx est vif, serré, tendu, piquant, le visage enflammé, les yeux étincelans. Les frissons, le hoquet, le vomissement, la convulsion & le délire surviennent, & la cessation de tous ces symptômes est toujours l’annonce d’une gangrène & d’une mort prochaine.

Cette maladie est des plus douloureuses & des plus cruelles. Sa terminaison est très-prompte, &c presque toujours mortelle : rarement elle va au-delà du septième jour. Elle se termine aussi très-rarement par la résolution, mais le plus souvent par suppuration & la gangrène.

On n’observe guères cette maladie qu’après un accouchement laborieux. La suppression des lochies peut la produire, ainsi que les vives passions, des contusions, & la rétention du placenta dans la matrice.

On combat cette maladie par des saignées abondantes & souvent répétées : on doit les pratiquer dès les premiers jours ; on feroit le plus grand mal, si on les différoit, & si on vouloit les ménager : il ne faut cependant pas perdre de vue l’état des forces, l’âge & le tempéramment particulier de la malade.

Les boissons délayantes & adoucissantes, légèrement nitrées, telles que l’eau de poulet, celle de veau & de riz, doivent venir à l’appui des saignées. Les lavemens coupés avec moitié lait, sont très-efficaces dans cet état, ainsi que l’application des linges imbibés d’une décoction de plantes émollientes, ou des vessies pleines de lait chaud, coupé avec l’eau commune.


Ulcère de la matrice.


C’est à l’écoulement du pus par le vagin qu’on connoît sûrement l’ulcère de la matrice. On peut aussi s’assurer de sa présence & de la partie